Hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau
Situé au 29, rue de la Sévigne, l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau date de 1688. On le construit sur les plans de Pierre Bullet, Architecte du Roi et de la Ville de Paris. Celui-ci réalise les travaux pour le compte de Michel Le Peletier de Saint-Fargeau.
On ajoute l’orangerie de l’hôtel à la fin du XVIIe siècle sur l’emplacement partiel de ce que l’on nommait le Petit Arsenal. Percée de douze fenêtres en symétrie, de part et d’autre de la double porte centrale, un comble brisé surmonte l’orangerie.
Dès 1698, l’Anglais Martin Lister admirait dans ce bâtiment de grands orangers, des lauriers-tins et des myrtes taillés en boules. Les travaux de restauration ont permis de découvrir, sous l’ancienne voûte de plâtre, les restes d’un décor peint polychrome. Il est au motif grillagé en trompe-l’œil, évoquant le treillage d’un jardin. L’unique trace du jardin du XVIIIe siècle serait l’emplacement du bassin, au centre de l’actuel square Georges-Cain. En fait, du décor intérieur originel de l’hôtel, seuls subsistent un cabinet orné de lambris et de miroirs (Ier étage), et l’escalier d’honneur.
Les façades sont d’une grande sobriété. Pourtant, un fronton d’une allégorie de la Vérité orne l’orangerie. Il s’agit d’une femme, appuyée sur une dalle gravée en cadran. Elle tient un miroir qui renvoie l’image du Temps. L’auteur de ces deux reliefs est peut-être Laurent Magnier.
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En 1895, l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau fut acheté par la Ville de Paris. On y transféra la Bibliothèque historique de Paris jusqu’alors installée dans l’hôtel Carnavalet (en 1968, la Bibliothèque historique fut déplacée dans l’hôtel Lamoignon pour permettre au musée Carnavalet de s’agrandir).
En 1989, l’hôtel fut rattaché au musée Carnavalet, musée de l’histoire de Paris. Aujourd’hui, les salles de cette partie du musée accueillent les collections de l’histoire de Paris de la Révolution à nos jours. D’ailleurs, attenante au bâtiment, l’orangerie présente les collections archéologiques, du Néolithique à l’époque gallo-romaine et la fin de l’Antiquité.
Fait historique : En 1779, Louis-Michel Le Peletier de Saint-Fargeau (arrière-arrière petit-fils de Michel Le Peletier de Saint-Fargeau) hérita de l’hôtel. Révolutionnaire et député de l’Yonne à la Convention, il fut l’un des aristocrates qui votèrent la mort de Louis XVI, ce qui lui valut l’assassinat par un ancien garde du roi le 20 janvier 1793, alors qu’il dînait dans un restaurant du Jardin-Égalité (actuel Palais Royal). La Nation le déclara alors « martyr de la Révolution ». Le peintre David lui organisa des funérailles grandioses : le corps nu, entouré de fleurs, on le transporta jusqu’au Panthéon.
Deux célèbres photographes parisiens en firent des clichés ce fut Eugène Atget en 1905, puis Charles Lansiaux en 1916.