Hôtel d’Albret à Paris
On a construit l’Hôtel d‘Albret au milieu du XVIe siècle lors du lotissement de la Couture Sainte-Catherine. Cet endroit se situait en bordure d’une nouvelle voie prolongeant l’ancienne rue des Francs-Bourgeois dont l’existence s’atteste dès le moyen Âge. Acquis en 1563 par le connétable Anne de Montmorency, il ne comprend alors, comme logis, que le pavillon visible en saillie à l’angle nord – ouest de la cour.
Le corps principal de l’hôtel, situé dans l’axe de l’entrée, on le construit probablement une vingtaine d’années plus tard. Cela passe à l’initiative d’un banquier italien, Mario Bandini. En fait, celui-ci achète la propriété en 1586.
Ce bâtiment se compose de eux étages à plafonds hauts, élevés sur un rez-de-chaussée à demi enterré destiné alors aux communs. Les lucarnes à fronton interrompu percent le grand comble en toiture. Elles alternent avec des œils-de-bœuf selon un dispositif qui apparaît dans l’architecture française lors de la seconde Renaissance.
Les propriétaires successifs appartiennent au monde de la haute finances à l’image de Gabriel d Guémégaud, trésorier de l’Épargne. Celui-ci acquiert les lieux en 1630. Par la suite il ajoute au logis principal l’aile avançant en équerre, côte jardin. Dans la cour, le bâtiment de droite s’élève sur trois arcades abritant les remises.
Dès années 1630 subsiste également l’escalier à rampe en bois construite en 1638 dans le pavillon accolé à droite du grand corps.
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Le fils de Gabriel de Guénégaud, Henri, puis le beau-frère de celui-ci, César Phoebus d’Albret, maréchal de France dont le nom est resté attaché à l’hôtel, auraient, dit-on, fait appel à François Mansart pour poursuivre l’aménagement des intérieurs nouvellement construits avec, en particulier, après 1650, l’installation d’un escalier à rampe de fer dans l’aile gauche es bâtiments sur cour (aujourd’hui détruit). L’hôtel d’Albret est alors le lieu d’une intense vie aristocratique.
La marquise de Montespan rencontre dans ces murs la future Madame de Maintenon, jeune veuve du poète Scarron, qui lui succèdera à la Cour comme favorite du roi Louis XIV.
En 1740, un nouveau propriétaire, Jean-Baptiste Charles du Tillet commande le remaniement du bâtiment sur rue qu’il destine à la location avec la création, en façade, d’un avant corps, de style Louis XV à fronton brisé et œil-de-bœuf doté d’un balcon à ressauts en fer forgé porté par deux consoles à têtes de lion.
La porte cochère de l’hôtel a conservé sa très belle menuiserie d’époque avec de nombreux motifs sculptés dont un étonnant mascaron (masque sculpté) au niveau du linteau.
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L’ancien heurtoir datant du XVIe siècle a malheureusement été volé en 1968. De nouveaux modes d’activité, à l’écart de la vie mondaine, font peu à peu leur apparition dans l’hôtel. Locataires et commerces s’installent dans les dépendances du logis principal, préfigurant la présence sur place à partir du XIXe siècle et jusque dans les années 1960 d’un grand nombre d‘ateliers et de petites entreprises. Les magasins de la Maison Baguès, fabricant d ferronnerie d’art, font la réputation du lieu autour de 1900.
L’expropriation de l’hôtel d’Albret, dont les bâtiments sont alors en très mauvais état, est prononcée en 1975. Propriété de la ville de Paris, restauré au milieu des années 1980 par un architecte des Monuments historiques, Bernard Fonquernie, et aménagé intérieurement par Christian Germanaz, l’hôtel d’Albret est aujourd’hui le siège de la direction des affaires culturelles de la ville de Paris.
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