Outaouais

Toponyme Outaouais : son origine

Toponyme Outaouais : son origine

Toponyme d’Outaouais, son origine et son histoire

Rivière des Outaouais

Depuis sa source au lac des Outaouais jusqu’à sa décharge dans le lac des Deux Montagnes, la rivière des Outaouais parcourt plus de 1 100 kilomètres dont plus de la moitié entre le Québec et l’Ontario. Le segment de l’Outaouais entre les lacs des Quinze et Témiscamingue porte le nom de Rapides des Quinze. La plus ancienne dénomination que l’on relève pour la rivière des Outaouais est Kitchisipi, orthographiée aussi Kitchisippi et Katcge-sippi, signifiant « grande rivière ». Samuel de Champlain, qui remonte le cours de l’Outaouais jusqu’à l’île aux Allumettes en 1613, la nomme Rivière du Nord. C’est ainsi que certains aventuriers identifiaient ce cours d’eau qui menait vers les régions à l’ouest du continent. Pendant ce même voyage, Champlain lui donne également le nom de Rivières des Algommequins (c’est-à-dire des Algonquins) ; ces derniers habitaient l’île aux Allumettes. E n 1619, Champlain la désigne sous le nom de Grande Rivière, qui est une adaptation de la dénomination amérindienne Kitchisipi. Rivière des Outaouais ou des Hurons ou des Prairies apparaît sur la carte de Bernou, en 1680.

Ottawa et Outaouais forment des doublets phonétiques et morphologiques remontant au même prototype, vraisemblablement à Ondoutaoüaheronnon. La Relation des Jésuites, pour 1667, rapporte que « Les Outaoüacs prétendent que la grande rivière leur appartient et qu’aucune nation n’y peut naviguer, sans leur consentement ; c’est pour cela que tous ceux qui vont en traite aux François quoique fort différents de nation, portent le nom général d’Outaoüacs, sous les auspices desquels ils font ce voyage.

L’ancienne demeure des Outaoüacs était un quartier du Lac des Hurons. Le Manuel des Indiens du Canada (1915) ajoute que la rivière que les Outaouais parcoururent fréquemment et qu’ils furent les premiers parmi les tribus de l’Ouest, à descendre pour venir traiter avec les Français, tire son nom des Outaouais. On s’entend généralement pour dire que le nom Outaouais provient de l’algonquin « adawe », signifiant « acheter et vendre ». Dans les premiers temps de la tradition et aussi pendant la période historique , ces Amérindiens étaient considérés chez leurs voisins comme des commerçants et des trafiquants d’une tribu à l’autre, d’où ce nom qu’on leur décerna.

Dans un rapport du père J. Hanipaux, jésuite, transmis à l’écrivain Joseph Tassé, en 1869, portant sur l’état actuel des Outaouais de l’île Manitoulin, en Ontario, il es précisé que ces tribus algiques ne savent pas d’où vient leur nom ni ce qu’il signifie. Il est bon de rappeler qu’au moins deux autres significations sont parfois avancées pour expliquer cette appellation : selon certains, notamment le père Joseph-Étienne Guinard, Outaouais est l’évolution du mot autochtone « ottew » ou « ottiwa » qui voudrait dire « bouillir » ; suivant d’autres sont l’historien J.-B.-A. Ferland, ce mot signifierait plutôt ceux qui ont des oreilles.

Il serait issu de la pratique, encore suivie en certains lieux, de se fendre l’oreille depuis le haut jusqu’au bas, et d’y insérer des bandes de peau ou d’étoffe ; cette opération rendait des oreilles très grandes.

Il convient d’ajouter quelques mots sur l’ancienneté de la forme graphique Outaouais. Dans une note intitulée Outaoua publiée en 1898, le chroniqueur Benjamin Sulte affirme que l’orthographe Outaouais et sa terminaison en -ais n’est pas antérieure au début du XIXe siècle : « Ceux qui ont inventé l’orthographe Outaouais ne se sont pas donné la peine d’étudier les auteurs du dix-septième siècle, familiers avec la nation des Outaouas et les peuples qui l’entouraient. La première trace que je rencontre de l’épellation Outauais paraît avoir été inspirée par M. Jacques Viger. »

Contrairement à ce que cet auteur soutient, cette graphie est en réalité beaucoup plus ancienne puisqu’on la rencontre dans plusieurs documents du XVIIe siècle. Le journal du chevalier de Troyes de 1686, et la carte de Deshayes de 1695, indiquent respectivement « Chemin des Outaouais » et « R. des Outaouais ». Au XVIIIe siècle, sous le Régime français, les attestations de l’orthographe Outaouais sont très nombreuses.

Il y a eu une grande variété d’orthographes pour ce mot. Le « Manuel des Indiens du Canada » (1915) indique plus de cent vingt manières d’orthographier ce mot amérindien, du XVIIe au XIXe siècle, et il en existe certainement plusieurs autres. On retrouve, notamment, les graphies Ottiwa, Ottawas, Outaouas, Outaouaks, Ottowak, Ottaouets, Andatawak, Andatrahouots. Ce cours d’eau fut aussi désigné sous le nom de Rivière des Prairies, lequel identifie encore le couloir fluvial situé entre l’île Jésus et l’île de Montréal. En outre, plusieurs noms furent attribués à des segments, élargissements et chenaux de la rivière dont, notamment, Rivière Creuse, Rivière Mataouan, Pasapikaikanik Sipi, appellation algonquine signifiant « la rivière où le roc est coupé ». De par sa situation frontalière, les Ontariens lui donnent le nom officiel anglais d’Ottawa River. La rivière prête aussi son identification à une immense région administrative du Québec, soit l’Outaouais.

Vallée de l’Outaouais

La rivière des Outaouais, le plus important affluent du Saint-Laurent, prend sa source dans le plateau laurentien, sur un terrain très arrosé, à une altitude inférieure de peu à 400 m. Son parcours général, orienté d’est en ouest, passe alors par les réservoirs Cabonga et Dozois, par le Grand lac Victoria, enfin par le réservoir Decelles et le lac d des Quinze, avant de parvenir au lac Témiscamingue. À partir de là, la rivière des Outaouais sert de frontière entre le Québec et l’Ontario et s’écroule selon une direction générale nord – ouest – sud – est jusqu’à Ottawa, et de là vers l’est, constituant la vallée de l’Outaouais proprement dite.

John A. Dresser et T.-C. Denis, dans « La géologie de Québec » (1946), précisent : « Au lac Témiscamingue, la rivière emprunte une vallée préglacière amorcée par une faille antérieure. Elle continue à descendre dans une vallée ancienne jusqu’à l’extrémité est du lac Deschènes. De ce point vers l’aval, à la suite de l’obstruction de l’ancien chenal par le drift glaciaire, la rivière actuelle coule dans des canaux peu profonds, d’origine récente.

À Gatineau, elle plonge du haut des chutes de la Chaudière dans un chenal préglaciaire qu’elle suit jusqu’à sa jonction avec le Saint-Laurent près de Montréal, exception faite des neuf milles qui séparent Grenville de Carillon, où d’importants rapides montrent que cette partie du chenal est de date plus récente. »

Tant dans le secteur lacustre, à l’est du lac Témiscamingue, que dans le segment fluvial qui sort du lac, les chutes et les rapides ont favorisé l’installation de centrales hydroélectriques totalisant 2 000 MW. L’abondance des eaux est fournie, du côté québécois, par les rivières Kipawa, Dumoine, Noire, Coulonge, Gatineau, du Lièvre, de la Petite Nation, Rouge et du Nord, et, du côté ontarien, notamment par les rivières Petawawa, Madawaska et Rideau.

Depuis les débuts de la colonie, la vallée de l’Outaouais, malgré les portages qu’il fallait faire pour éviter les chutes, a été la voie de communication privilégiée des coureurs de bois en direction des territoires à fourrures des régions du nord des Grands Lacs. Son rôle de voie navigable ne fut pas moins important au XIXe siècle et les canaux construits à partir de 1833 servirent à écouler les produits des immenses ressources forestières de la vallée. L’ouvrage de Joseph Tassé, intitulé « La vallée de l’Outaouais », publié en 1873, incline à croire que le générique vallée commençait à être en usage à cette époque.

Communauté urbaine de l’Outaouais

La communauté urbaine de l’Outaouais est la plus jeune des communautés urbaines québécoises, le 1er janvier 1991 ayant constitué la date d’entrée, en vigueur de la Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant les organismes intermunicipaux de l’Outaouais. Cette communauté urbaine est née de la scission de l’ancienne communauté régionale de l’Outaouais, qui existait depuis le 1er janvier 1970, en une communauté urbaine et en une municipalité régionale de comté, Les Collines-de-l’Outaouais, laquelle regroupe le territoire moins urbanisé de l’ancienne communauté régionale. D’une superficie de 344 km carrés, la communauté urbaine de l’Outaouais est bornée au nord et à l’ouest par la MRC des Collines-de-l’Outaouais, au sud, par la rivière des Outaouais et par l’Ontario et, à l’est par la MRC de Papineau. Elle se compose de cinq municipalités dont la population varie de 100000 pour Gatineau à 7000 (1991) pour Masson. Les trois autres municipalités sont, dans l’ordre alphabétique, Aylmer, Buckingham et Gatineau. Les 200 000 habitants de la communauté urbaine de l’Outaouais représentent le quart de l’agglomération transoutaouaise d’Ottawa-Gatineau. Les accidents géographiques qui structurent son paysage sont les rivières des Outaouais, Gatineau et du Lièvre, de même que l’escarpement d’Eardley.

Région administrative de l’Outaouais

Créée en 1966, la région administrative de l’Outaouais s’étend sur 34 924 km carrés et sa population atteint 350 mille habitants. Elle tire évidemment son nom de la rivière des Outaouais qui, sur une grande partie de son cours, sert de frontière entre l’Ontario et le Québec et dont le bassin supérieur, très ramifié, est couvert de réservoirs et de barrages. Densément peuplée dans sa partie sud, essentiellement dans le territoire de la communauté urbaine de l’Outaouais où se distinguent les villes de Gatineau, la capitale régionale, et Aylmer, la région renferme un grand nombre d’agglomérations rurales et de petites villes industrielles et commerciales dans les MRC de Pontiac, de La Vallée-de-la-Gatineau, de Papineau et des Collines-de-l’Outaouais.

Le développement commercial et touristique profite évidemment du voisinage de l’agglomération montréalaise et de celui de la capitale nationale. À Gatineau et dans les environs, l’emploi dans la fonction publique fédérale constitue le principal horizon de travail de la main-d’œuvre. Reposant sur une très ancienne exploitation de la forêt, la transformation du bois et la production de pâtes et papier demeurent importantes à côté des industries chimiques, de l’électronique et d’un grand nombre d’entreprises qui exploitent notamment les technologies de pointe dans les domaines de la télécommunication, de l’infographie, des services informatiques et des logiciels.

La région renferme de nombreux pôles touristiques parmi lesquels se distinguent le parc de la Gatineau, Montebello, Maniwaki et le Pontiac. On y trouve, en outre, l’une des plus fortes concentrations de pourvoiries de chasse et de pêche de tout le Québec.

Outaouais
Rivière de l’Outaouais en face du Parlement canadien. Photo de GrandQuebec.com.

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