Historique de quelques mines de l’Outaouais
Les mines Forsyth et Haycock sont nées durant la grande période de construction de chemins de fer en Amérique du Nord, entre 1850 et 1875. La baisse du prix du fer et surtout la découverte de meilleurs gisements ailleurs au Canada, expliquent leur abandon.
Mines Forsyth et Baldwin : Le gisement de magnétite Forsyth, à Hull, près de l’actuel boulevard Cité-des-Jeunes, a été découvert en 1801 lors des travaux d’arpentage qui suivirent l’établissement de Philemon Wright. Le gisement a été découvert par l’effet que la masse de fer avait sur les boussoles qu’elle faussait. Toutefois, ce n’est qu’après que Ruggles Wright, fils de Philemon Wright, eut vendu la propriété à la Forsyth and Company of Pennsylvania, en 1854, que de véritables travaux commencèrent.
Le chemin Freeman fut tracé pour acheminer le minerai jusqu’à un embarcadère sur la rivière Gatineau. De là, il était expédié vers Kingston, par le canal Rideau, puis vers Cleveland. La mine employait une douzaine d’hommes. Dès la fin 1854, quelques centaines de tonnes du minerai étaient extraites et une partie était expédiée à Pittsburg alimenter les fourneaux de la compagnie. Au total, entre 1854 et 1860, 15 mille tonnes de minerai furent expédiées à Cleveland, en Ohio.
En 1862, les activités cessent, la mine ne pouvant concurrencer la mine de Newborough, située près de canal Rideau et dont le fer pouvait être transporté à moindre frais. La Canada Iron Mining and Manufacturing Company devient propriétaire de la mine en 1866.
Cette compagnie fait ériger un haut fourneau destiné à la production de fonte à Ironside, près de l’embarcadère, en 1867. Mal utilisé, il était hors d’usage l’année suivante. Le Grand Feu de 1870, qui ravagea la forêt depuis Breckenridge (situé à 18 kilomètres du site) jusqu’au nord de Hull, rasa les installations d’Ironside, ainsi qu’une cinquantaine de maisons où vivaient les ouvriers de la mine avec leur famille.
Après l’incendie, un groupe de six entrepreneurs des États-Unis et de la région achètent la mine et fondent la Forsyth Mining Company. Sous la direction de Alanson H. Baldwin, d’Ottawa, la compagnie acquière en 1871 des lots de la famille Pink, sur lesquels se trouve un autre gisement, plus petit, connu depuis sous le nom de mine Baldwin.
En 1872, une machine à vapeur vient faciliter les travaux de forage. Le travail continue à se faire en grande partie à la pioche, mais on utilisait aussi la dynamite, tout récemment inventée en 1866.
L’extraction se faisait dans une tranchée à ciel ouvert qui menait à un puits de 50 mètres de profondeur. Le minerai continuait à prendre la direction de Cleveland, via Kingston. Entre 1871 et 1874, la mine Forsyth produisit 35 000 tonnes de minerai, tandis que la mine Baldwin en produisait trois mille.
Mais les droits de la famille Pink sur les terrains vendus par elle étaient contestables. Une action en justice, menée par John Stuart, d’Ottawa, est tranchée en 1877 en faveur de ce dernier et prive la compagnie des terrains Pink et donc de la mine Baldwin. En conséquence, les gisements sont abandonnés. En 1901, la Forsyth and Company remet la mine Forsyth en exploitation jusqu’en 1918. On creuse alors un second puits de 36 mètres par où on accédait à une galerie longue de 27 mètres.
Des sondages effectués en 1958-1959 ont permis d’estimer à 4 250 000 tonnes les réserves de minerai jusqu’à une profondeur de 200 m. La teneur en fer du minerai dépasse les 50 %.
En 1976-1977, on envisage de rouvrir la mine Forsyth, dans l’espoir de garder active une partie des installations de transformation de la mine Hilton, fermée pour cause d’épuisement du minerai.
Aujourd’hui, il ne subsiste de visible des mines Forsyth et Baldwin que des tranchées et des puits condamnés. Près du sentier qui mène à la tranchée principale, à partir du boulevard Cité-des-Jeunes, se trouve un wagonnet abandonné, couvert de rouille.
Mine Haycock. Découvert en 1865, le gisement d’hématite-illménite Haycock, à Cantley, à l’ouest de la montée Paiement, n’a été exploité qu’une courte période de temps, de 1872 à 1876. L’importance du gisement avait été grossièrement surévaluée par les promoteurs. Des rails en bois, d’une longueur de 10 km, reliait la mine à la rivière Gatineau.
Mine Hilton (connue également comme Mine Bristol). Cette mine de magnétite de la région de Shawville a connu deux vies avant de fermer, le minerai étant épuisé. Le fer de la mine Bristol qui a été exploité de 1873 à 1894 et qui a été la principale mine de ce métal au Canada à l’époque, a été exporté en Belgique, en Angleterre et en Pennsylvanie.
Plus tard, entre 1956 et 1977, cinquante-sept millions de tonnes de minerai de fer ont été extraites de la mine Hilton.
Mine Blackburn, connue aussi comme la mine Vavasour, fut ouverte en 1878 à Cantley. C’était la plus profonde mine de la région de l’Outaouais : en effet, une tranchée atteignait 200 mètres de profondeur. Vers 1881, elle employait 500 travailleurs à la mine elle-même ou aux ateliers de traitement du mica. Cette mine fut à l’époque la plus importante mine de mica en occident. La mine Blackburn cessa ses activités en 1964. Sa fermeture mit un terme à l’exploitation du mica dans la région.
La mine Saint-Aimé-du-Lac-des-Îles, est la seule mine de graphite au Canada et l’une des rares mines de graphite en Amérique du Nord. Elle est beaucoup plus récente. Cette min a été ouverte en 1989 au sud de Mont-Laurier par Stratmin Graphite inc., devenue Timcal Canada Inc. en 2002. Elle employait une cinquantaine de mineurs en 2012. On y extrait le graphite contenu en paillettes dans du marbre.
La mine Othmer qui appartient à Dentsply Canada, Ltd est la seule mine de feldspath exploitée au Québec. Elle est située à Mulgrave-et-Derry et son exploitation se fait de façon sporadique, pour alimenter l’usine de Dentsply Canada, lorsque nécessaire. Le feldspath potassique extrait de cette mine est utilisé pour la fabrication de porcelaine dentaire.
Il y beaucoup plus de mines dans l’Outaouais et ces données ne sont pas exhaustives.

Voir aussi :
- Mineur et professions convexes
- Faille de Cadillac
- Or québécois
- Patrimoine et attraits de l’Outaouais