Le Bremen a réussi

Huesnefeld, Koehl et Fitzmaurice ont réussi

Les aviateurs du Bremen sont sains et sauf à Greenely Island, dans le détroit de Belle-Isle. Le monoplan est quelque peu endommagé. L’envolée transatlantique de l’est à l’ouest est effectué pour la 1ère fois.

Ottawa – À 8 heures 55, hier, le 13 avril 1928, soir, il a été annoncé par W.A. Bush, surintendant du département du radio du ministère de la marine et des pêcheries, qu’un sans-fil avait été reçu du poste du détroit de Belle-Isle, sans fil disant qu’un message du poste de Pointe Amour se lisait ainsi : « L`aéroplane allemand est descendu à Greenely Island, vent du sud-est avec neige ».

Les fonctionnaires du département de la marine et des pêcheries de Terre-Neuve ont dit hier soir que si le Bremen est descendu à Greenely Island et ne peut pas faire une nouvelle ascension, il sera nécessaire d’envoyer un steamer de Saint-Jean pour transporter les aviateurs. Greenely Island est à l’embouchure de la baie de Blanc Sablon, à l’entrée occidentale de Belle-Isle, à la frontière qui sépare le Canada des sections terre-neuviennes du Labrador. Il faudrait des semaines aux aviateurs pour atteindre Québec en suivant la côte.

Un sans-fil adressé au Times de Londres et que l’on croit avoir été envoyé par un des aviateurs du Bremen, sans-fil annonçant l’heureuse descente à Greenely Island, a été copié hier soir par un télégraphiste du chemin de fer Reading. Il disait : « Descente à Belle-Isle à 6 heures 6 (heure de l’Atlantique). Tous bien. Sans aide ».

Des applaudissements ont éclaté à la Chambre des communes, hier soir, lorsque l’on a appris que les aviateurs allemands avaient atterri en terre canadienne. Le premier ministre, le très honorable Mackenzie King, demande la permission d’interrompre la séance afin que l’honorable J. I. Ralston, ministre de la défense nationale, pût communiquer l’importante nouvelle.

Le colonel Ralston se leva aussitôt et dit : « Tant de rapports ont été reçus que l’on pouvait hésiter à annoncer une nouvelle touchant les intrépides aviateurs, le baron Gunther von Huesnefeld, le capitaine Herman Koehl ainsi que le colonel James Fitzmaurice ».

Le colonel Ralston déclara qu’il avait reçu un rapport provenant d’une source certaine disant que le nomoplan Bremen avait été forcé d’atterrir au milieu d’une tempête de neige sur l’Île Greenely. Le rapport venait de Pointe-Amour, de la station de radio située sur la côte du Labrador. Le gardien du phare à l’Île Greenely, ajoutait-on, prenait soin des aviateurs.

(Les trois aviateurs à bord du monoplan Bremen avaient quitté la banlieue de Dublin à 12 h 38, la veille au midi. Cet exploit était le pendant, d’est en ouest, de l’historique traversée en direction contraire de Charles Lindberg, à bord du Spirit of St. Louis, un an plus tôt).

La Presse, le 14 avril 1928.

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Le Junkers W33 Bremen après l’atterrissage sur l’Île Greenly. Photo de l’époque, libre de droits.

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