Une bonne année pour le vin québécois
Les viticulteurs du Québec ont le vin gai. Cet été, avec ses mois chauds, ensoleillés et secs, a été « plus qu’exceptionnel ». On jure que la qualité du vin nouveau sera tout autant « exceptionnelle ».
« Il a plus juste aux moments où il fallait », lance avec un brin d’humour Victor Dietrich, producteur de vin à Iberville, en versant un verre de la dive bouteille à ses interlocuteurs. « Nous allons réussir à produire un vin beaucoup plus fruité, avec plus de finesse ». Poursuit-il, satisfait.
« En fait, nous allons obtenir la meilleure récolte depuis que nous faisons du vin », s’exclame Charles-Henri De Coussergues, propriétaire du plus important vignoble au Québec, L’Orpailleur, situé à Dunham, à la limite de la Montérégie et de l’Estrie.
À peine 16 producteurs pratiquent la vinification au Québec. Parce que le climat y est plus doux, la plupart sont installés dans le sud de la province, tout près du 45e parallèle, le même que dans la région de Bordeaux, en France. Il y a 10 ans, tout le monde se moquait de ces pionniers qui avaient eu l’idée saugrenue de fabriquer du vin typiquement québécois. « On nous disait que nous n’y arriverions jamais », se souvient M. Dietrich, qui parle avec un léger accent alsacien.
« Huile de septembre »
L’an dernier, les vignerons ont rempli plus de 200 000 bouteilles de cette « huile de septembre » et presque toutes ont été vendues depuis.
Le principal obstacle qu’ont à franchir les vignerons québécois est le temps. Les vignes ont généralement besoin d’un cycle végétatif de six mois. Au Québec, on le sait, les étés durent trois mois, parfois quatre; alors, les producteurs utilisent des types de raisins qui poussent en moins de temps.
Cette année, ces raisins sont particulièrement savoureux, sucrés, juteux, sans maladies, et ce, à cause du temps sec et chaud. « Ils sont plus petits et plus concentrés. Nous y perdons peut-être un peu en quantité mais nous y gagnons beaucoup en qualité », analyse M. De Coussergues. Le vigneron précise qu’il a obtenu une deuxième floraison en juillet et qu’il pourra sans doute, avec un début d’automne généreux, effectuer une deuxième récolte en octobre.
(Texte publié dans La Presse le 9 septembre 1991).

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