Au secours de l’UdeM

Au secours de l’Université de Montréal

Le 13 avril dernier (1935), les journaux annonçaient que M. Victor Doré, président de la Commission d’Administration, allait incessamment soumettre au premier ministre de cette province un nouveau projet d’aide financière à l’Université. Les journaux rapportaient en même temps les commentaires que la nouvelle avait inspirés à l’honorable M. Taschereau.

« Je ne connais pas, aurait dit le premier ministre, de problème plus angoissant que celui de l’Université de Montréal. Lorsque l’on a commencé la construction des nouveaux édifices, on nous a demandé trois millions et nous les avons donnés. On est revenu par la suite. Nous nous sommes rendus à $5,500,000. On nous dit maintenant qu’il faudrait encore trois millions pour terminer les travaux. Or, l’Université aura besoin de $800,000 annuellement pour son administration, et elle ne peut compter que sur $300,000 de revenus. Allons nous donner encore trois millions et assurer, en plus, un demi-million par année. Nous avons quatre universités dans la province. Si nous faisons quelque chose pour l’une, 11 faudra le faire pour les autres. La situation n’est pas rose pour les maisons d’enseignement. L’université McGlll, qui est prospère, accuse un déficit de $300,000 à $400,000.

Comment allons-nous résoudre le problème ? Pouvons-nous trouver d’autres sources? Il n’y a pas un québécois qui n’est pas anxieux de voir régler le problème et de sauver l’université de Montréal. On a trop escompté sur l’avenir. Nous sommes en face d’une situation excessivement difficile. La population et la législature sont-elles prêtes à donner encore des millions ? On dit qu’on va nous soumettre un plan ?

« J’espère qu’il permettra de sauver l’université de Montréal. Nous avons passé, l’an dernier, une loi autorisant une loterie. Ottawa n’a pas approuvé ce système. Je ne blâme pas; je constate. Où puiser de nouvelles sources ? C’est ce que nous cherchons. Je fais appel à toutes les bonnes volontés pour nous aider à solutionner le problème ».

Depuis que ces paroles ont été rapportées par la Presse du 13 avril 1935, l’Université de Montréal fait comme sœur Anne: elle attend. C’est, du reste, ce qu’elle fait depuis des années. Le problème — « je n’en connais pas de plus angoissant », vient de dire M. Taschereau — n’a pas encore reçu de solution.

Personne, à l’Université, n’est sûr du lendemain. La Montagne viendra-t-elle à nous? Irons-nous à la Montagne? Mystère! Pour y aller, en tout cas, nous ne croyons pas, sans être dans le secret des dieux, que $800,000 soient nécessaires.

Un tel chiffre n’apparaît sûrement pas dans le « projet » de M. Doré. Personne, non plus, ne demande au gouvernement un octroi annuel de $500,000. M. Taschereau, le premier, l’a reconnu après une mise au point du président du comité exécutif de l’Université.

En attendant, des douzaines de professeurs vivent dans l’inquiétude ; des milliers d’étudiants se demandent si l’Université ne devra pas tout à coup fermer ses portes, et les Immeubles inachevés de la Montagne sont, pour la Métropole, pour la Province et les Canadiens français, une bien triste réclame. Qui fera le geste sauveur ? Et quand ?

Le problème n’est pas Insoluble. ON PEUT SI L’ON VEUT, surtout si l’on se rappelle que « charité bien ordonnée commence par soi-même ».

L`Action universitaire, mai 1935, vol. 1 numéro 6.

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Annonce publicitaire de l’Université de Montréal de 1935. Image libre de droit.

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