Un homme marié veut se débarrasser d’une fille

Comment, sans être grossier un homme marié qui aime sa femme peut-il se débarrasser d’une fille qui coquette à son entour !

Le courrier d’Odette (14 janvier 1953)

Question : Habituellement, ce sont les jeunes filles ou les femmes qui vous écrivent pour se plaindre des hommes qui leur font la cour.

Aujourd’hui, c’est le contraire. C’est un homme marié qui vous demande comme faire pour déclarer à une jeune fille qu’elle l’ennuie, sans être trop grossier et risquer de passer pour un mufle. Voilà les faits. Je travaille comme comptable dans une grosse compagnie. Dernièrement, sur la recommandation d’un de ses amis, le patron engagea comme dactylo une jeune fille de 20 ans, très jolie, très chic, mais épouvantablement gâtée, et dont cherché à exercer ses talents sur le personnel mâle du bureau. Malheureusement pour moi, j’ai été l’élu. C’est sur moi qu’elle a jeté son dévolu et ce ne sont depuis ce temps que roucoulades, minouchages (comme vous diriez), etc. J’aime ma femme qui est en tous points mon idéal et je ne me soucie pas des avances de cette donzelle. Je reste froid, mais elle me provoque. J’aimerais bien la remettre à sa place, mais je crains de passer pour un restre. Comme m’y prendre ?

Joseph.

Réponse : Vu votre signature, êtes-vous bien sûr de ne pas me monter un bateau ? Vous savez comment votre biblique homonyme s’y est pris lorsqu’il s’est trouvé devant Mme Putiphar ? Je ne vous conseille cependant pas de laisser à la jeune sirène qui essaie de vous captiver contre manteau. C’est trop coûteux à remplacer. Mais admettons que vous êtes sérieux et dites la vérité. Après tout, rout arrive, surtout de nos jours.

Il est bien malheureux de voir que sur une simple recommandation d’un ami, votre patron ait introduit pareille jolie louve dans sa paisible bergerie. C’est à vous, aimables moutons, de vous défendre. Probablement vous avez essayé l’indifférence. C’est l’enfance de l’art. Le seul ennui c’est qu’elle aiguise les griffes de la petite harpie, des ongles très roses et très soignés, à n’en pas douter pour lui donner une plus grande puissance et le désir de conquête.

De peur de passer pour un mufle, vous ne voulez pas casser de vitres et remettre violemment la petite coquette à sa place. Vous n’êtes pas à blâmer entièrement bien que votre décision soit discutable. Il y a des circonstances qui demandent vraiment un cassage de vitre. Cela fait du bruit, oui, mais comme cela aère !…

Il vous reste donc l’ironie. Si vous savez la manier, vous gagnerez probablement vore point, car rien ne tue plus vite et mieux que le ridicule. De toutes façons, quoi que vous fassiez, vous êtes destiné à vous faire une ennemie de cette entreprenant jouvencelle dont la seule excuse, vous L’admettez, est d’être une enfant gâtée. Vous savez fort bien que sur cette sorte de caractères tout glisse. Vous seriez mal venu à tenter de lui faire la morale. Elle rirait de vous si vous lui déclariez que vous aimez votre femme et voulez lui rester fidèle. Or, il faut que vous gardiez le beau rôle.

Essayez donc, un jour qu’elle viendra papillonner devant vous et déployer toutes ses grâces, de la laisser faire pendant quelques minutes, puis de la regarder froidement, ou, mieux encore, avec un petit sourire dans les yeux et de lui dire avec une douceur extrême. – Ne vous fatiguez pas, ma toute belle… en fait de grâces, j’ai tout ce qu’il faut à la maison ! » ou quelque chose de semblable. Récidivez aussi souvent et aussi longtemps qu’elle viendra coqueter devant vous. À la longue, elle comprendra, et se rendra compte que c’est pour elle le ridicule.

Puisque vous aimez votre femme et voulez lui être fidèle, ce qui est tout à tout honneur, vous saurez prendre l’attitude qui convient, c’est-à-dire celle d’un homme qui se rend compte, parfaitement et lucidement du manège d’une coquette, mais n’en restent ni peur ni flatterie. Non, ne dites rien à votre femme. À quoi bon l’inquiéter. Vous devez être capable de mener tout seul cette petite affaire à bien. C’est moins difficile que gagner la guerre froide.

Question : Que pensez-vous d’une jeune fiancée qui revient de son travail à midi et le soir avec un groupe d’hommes mariés ? Je ne lui en ai pas parlé de crainte de la froisser ?

Réponse : Eh bien continuez. C’est la meilleure chose à faire. Avez-vous sur cette jeune fille quelque droit ? Si non gardez la même ligne de conduite. Elle est toute à l’honneur de votre discrétion et de votre bonne éducation.

(Le courrier d’Odette du 14 janvier 1953, Le Canada).

Pour compléter la lecture :

« Les chocs culturels stimulent la créativité. » (Lindsay Owen-Jones, homme d’affaires britannique). Photo: Megan Jorgensen .
« Les chocs culturels stimulent la créativité. » (Lindsay Owen-Jones, homme d’affaires britannique). Photo: Megan Jorgensen .

Laisser un commentaire