Trudeau dit « un gros non » à Charlottetown
Décrivant l’entente de Charlottetown comme un « gâchis », un document « honteux » qui affaiblirait le Canada et créerait plusieurs catégories de citoyens, Pierre Elliott Trudeau a dit que cette proposition de réforme constitutionnelle mérite « un gros NON ».
Dans le silence religieux qui emplissait la salle d’un restaurant de Saint-Henri où étaient réunis quelque 3400 « amis de Cité libre », l’ancien professeur de droit constitutionnel a commencé son allocution sur un ton dramatique, en citant Victor Hugo : « Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites. Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes. Tout : la haine et le deuil… »
Cette entrée en matière saisissante servait à signifier à son auditoire combien ce mot, « le OUI ou le NON, a une très grande importance ». « Il faut y mettre un peu de raison, un peu d’analyser », a-t-il dit.
L’ex-premier ministre a ensuite déboulonnée l’entente du 28 août morceau par morceau avant de donner une leçon de philosophie politique aux convives.
« Il n’y en a que pour les provinces et les autochtones! », a-t-il déploré. « Je ne blâme pas les provinces. On leur a présenté un bar ouvert. Alors il est normal qu’elles aient pris un verre », a-t-il dit, avant de critiquer M. Mulroney pour avoir rouvert le dossier constitutionnel malgré l’échec de Meech.
(C’est arrivé le 30 septembre 1992).
