
La tremblante: les producteurs ovins ne laisseront plus abattre les bêtes que l’on croit infectées
Les éleveurs de moutons du Québec refuseront désormais de laisser abattre leurs animaux soupçonnés d’être atteints de la tremblante en dépit des ordres de l’Agence d’inspection des aliments, indique la dernière livraison de La Terre de chez nous.
Le Canada a mis en place depuis 1945 un programme d’éradication de cette maladie dont le dépistage est difficile. Le sujet est devenu particulièrement sensible depuis la découverte du premier cas d e maladie de la vache folle, au Royaume-Uni, en 1986, qui a tué quelques personnes.
L’hypothèse la plus généralement retenue veut en effet que la maladie de la vache folle — ou encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) — provienne d’un virus qui affecte les ovins et soit une variante de la tremblante du mouton. Les bœufs et les vaches britanniques se nourrissaient entre autres de carcasses broyées de moutons, mêlées à la moulée. Des consommateurs auraient pu ensuite être atteints par le virus après avoir mangé de la viande de bœuf.
Pour éviter la dissémination de la tremblante, la loi canadienne permet à l’Agence d’inspection des aliments d’ordonner l’abattage des animaux qui pourraient être porteurs.
L’éleveur reçoit alors une compensation que la Fédération des producteurs d’agneaux et de moutons du Québec estime trop peu élevée. Les compensations sont actuellement d’au maximum 150$ pour un animal croisé et 300 $ pour un pur-sang.
En 1997, 119 troupeaux au Québec ont été touchés : l’Agence a ordonné l’abattage de 3746 ovins. Depuis le début de 1998, l’Agence a ordonné l’abattage de 6040 ovins dans 73 troupeaux québécois. Le total est donc presque de 10 000 bêtes abattues.
«À la base de cette épizootie, il y aurait un important éleveur québécois qui a vendu des animaux à plusieurs éleveurs avant qu’on ne constate la présence d e la tremblante», indique La Terre de chez nous, le journal de l’Union des producteurs agricoles (qui comprend dans ses rangs la Fédération des producteurs de moutons).
«Dans des cas comme celui-là, les inspecteurs de l’Agence vérifient systématiquement tous les troupeaux où ont abouti des animaux. En cas de doute, ils ordonnent l’abattage.»
Selon la présidente de la Fédération, Desneiges Pépin, les producteurs d’agneaux et de moutons sont « exaspérés » de la façon dont le programme d’éradication de la tremblante est appliqué, ajoute le journal. La Fédération demande donc à ses membres de ne pas abattre leurs bêtes tant que le gouvernement fédéral n’aura pas mis en place des mesures de compensation plus adéquates.
Le conseil d’administration de la Fédération a décidé le 15 juin de suspendre les abattages préventifs. Elle demande aux producteurs touchés de la contacter dès qu’ils reçoivent des instructions pour faire abattre des animaux. « Ils devront refuser l’abattage, mais permettre le marquage des animaux susceptibles d’être abattus pour qu’ils ne puissent pas circuler : ils seront mis en quarantaine sur l’entreprise.»
La Fédération cherche à obtenir un programme de rétablissement des entreprises affectées. Elle sensibilise les députés. Elle a obtenu jusqu’à maintenant l’appui des députés du Bloc québécois.
La critique en matière agricole du Bloc québécois, Hélène Alarie, a affirmé à La Terre de chez nous que « des études ont démontré que la maladie ( la tremblante ) n’est pas dangereuse pour l’homme. Un moratoire est donc envisageable sans mettre en danger la santé des consommateurs. »
Les animaux que l’on soupçonne d’être porteurs du virus de la «tremblante » seront désormais mis en quarantaine. Photo de Megan Jorgensen.
(Texte par André Noël, tire du journal La Presse, publié le 27 juin 1998).

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