Service déplorable de la compagnie des tramways ! – Nous avons nos droits !
Plusieurs personnes se plaignent, depuis quelques jours, et plus particulièrement depuis les grands froids que nous avons, du service absolument déplorable que leur donne la compagnie des tramways, rue Amherst. Il arrive la plupart du temps qu’aux heures de la fermeture des bureaux et des ateliers, les tramways ne se succèdent qu’à un intervalle de 10 à 12 minutes.
Aussi y a-t-il, à chaque intersection de voies de tramway, où les porteurs de correspondance ont le temps de se former par groupes trop nombreux pour prendre place dans un seul tramway, des batailles vraiment disgracieuses où l’idée du bien-être individuel l’emporte sur toute galanterie.
On veut sa place, on ne veut pas geler plus longtemps, et pour décrocher cette place, on luttera ferme, sans crainte de bousculer, de condamner à dix minutes supplémentaires de froidure intolérable, de faibles femmes, des dames et des jeunes filles qui n’ont même pas la ressource d’entrer dans un bar pour se réchauffer.
Ceux qui ne peuvent trouver place sur les trop rares tramways, murmurent, pestent, jurent contre la compagnie des tramways qui semble ne pas se soucier des plainte du public, et ne pas vouloir augmenter suffisamment le nombre de ses voitures aux heures où, forcément, le journée, c’est encore pire.
Ainsi, hier après-midi, deux dames que nous ne désignerons pas autrement que Mmes X et Z, mais dont nous avons les noms, ont attendu, vers 4 heures, un tramway de la rue Amherst, pendant un quart d’heure, à l’angle des rues Duluth et Parc – Lafontaine.
Elles étaient gelées quand arriva le tramway se dirigeant vers le sud; elles croyaient tout de même avoir l’occasion de se réchauffer en pénétrant à l’intérieur, mais pas du tout, la fournaise était sans feu, et tout le monde claquait des dents et grelottait. Hier soir, le 28 décembre 1903, à 7 heures 55, votre correspondent accompagné d’une dame, attendit le tramway sur le parc Lafontaine, jusqu’à 8 heures 13, soit 18 minutes sous une température de 18 degrés sous le zéro.
Les citoyens du parc Lafontaine se demandent s’ils ne sont pas contribuables comme les autres et si la compagnie des tramways a le droit de les négliger de la sorte. On avait cru qu’avec le nouveau circuit de la rue des Commissaires passant par le parc Lafontaine, les tramways allant vers le nord et le sud se seraient succédé à toutes les trois ou quatre minutes, mais il n’en a été de rien, paraît-il !
(Texte paru dans La Presse, le 29 décembre 1903).
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