Les capitalistes sont battus
La Compagnie des tramways cède sur tous les points, et se rend aux conditions imposées par ses employés en grève.
La grève des tramways, commencée à minuit jeudi soir, s’est terminée à minuit, samedi (le service a repris le dimanche 8 février 1903). Elle a duré quarante-huit heures, pendant lesquelles, s’il n’avait fallu marcher, on ne se serait jamais aperçu qu’il y avait du trouble en ville, une lutte entre les plus grands capitalistes de Montréal et leurs employés, alors que le total de ces employés forme à peu près un demi pour cent de la population de la métropole et de la banlieue.
Hier, tout le monde s’entre – félicitait. On criait « Vive l’Union ! » afin de manifester ses sympathies pour les employés et on criait « Vive les tramways! » pour exprimer le plaisir qu’on avait de revoir en circulation ces voitures électriques qui vous font si souvent jurer en attendant aux coins des rues.
« C’est une belle victoire », – répète-t-on partout. Victoire pour les employés ou pour les patrons? La réponse à cette question est bien simple pour certaines gens: « Nous avons les p’tits chars, donc les grévistes ont gagné; c’est à eux la victoire ».
La compagnie avait effectivement cédé sur tous les points, qu’on peut résumer de cette façon: reconnaissance syndicale; augmentation immédiate de tous les salaires de 10 %; création d’un comité de griefs; fin des congédiements effectués sans entendre au préalable l’employé concerné; réévaluation de tous les cas de congédiements, en montrant à une députation les dossiers à la base des congédiements. La seule porte de sortie que la Montréal Street Railway Co. s’était conservée, c’était le droit d’engager des employés non syndiqués, ou non unionistes comme on disait à l’époque.
(D’après La Presse, le 9 février 1903).
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