
Les touristes américains protestent contre nos routes
(le mauvais état des routes ne vient pas d’hier, c’est un texte paru dans le journal Le Devoir, le 28 décembre 1929).
Ayant entrepris de venir en automobile à Montréal alors qu’on leur avait représenté que nos routes que nos routes allaient être entretenues, ils restent bloqués dans la neige à Rouses Point – Le bureau de tourisme reçoit des plaintes
Les automobiles nuisent à l’enlèvement rapide de la neige dans nos rues
L’entretien des routes d’hiver par le département de la Voirie est loin d’être un succès si l’on en juge par une communication donnée aux journaux par un des officiers du Bureau du Tourisme et des Conventions de Montréal. Une douzaine d automobilistes américains sont restés à Rouses Point, enpêchés par la neige de se rendre jusqu’à Montréal. Le bout de chemin entre Saint-Jean et la frontière américaine n’est pas passable. Celui entre Laprairie et Saint-Jean est en excellente condition grâce au travail des charrues automobiles fournies par la Provincial Transport Co., une entreprise privée.
Les touristes américains, qu’on avait attires ici en leur représentant que les routes d’hiver allaient être entretenues et qu’ils n’auraient aucune difficulté à atteindre Montréal, sont furieux. Ils ont protesté et avec raison auprès du Bureau de Tourisme. M. McNamee rejette la responsabilité de l’entretien des routes sur le département de la Voirie qui n’a pas l’outillage nécessaire pour faire le travail rapidement.
Il est évident que ce retard dans l’ouverture de la grande route qui conduit de la métropole canadienne à la frontière américaine va nuire grandement au tourisme d’hiver qui s annonçait sous les plus heureux auspices. Le département de la Voirie prétendra sans doute qu’il a clé pris par surprise, comme c’est la coutume pour notre administration municipale. Le fait est qu’il est tombé une couche de neige très épaisse en quelques jours. Le vent a de plus contribué à retarder le travail de déblaiement des routes en remplissant les passages pratiqués dans les amoncellements de neige. Avec un nombre de déblayeuses automobiles déjà suffisant, il n’est pas surprenant que les routes n’aient pas été libérées et rue la circulation y soit impossible.
Espérons que le travail se fera sans retard et qu’on pourra faire comprendre aux touristes qu’il a été impossible de mieux faire dans les circonstances.
Ce qu’il y a de surprenant, c’est que nos voisins des États-Unis ont entretenu leurs routes jusqu’à la frontière canadienne au cours des mêmes tempêtes de neige; c’est que les touristes américains ont pu venir jusque chez nous sans encombre; c’est que seuls nos routes sont impassables.
Lorsqu’il y a une tempête à Lacolle, il doit nécessairement ne pas faire beau à Rouses Point. Les Américains entretiennent leurs routes puisque les touristes peuvent venir jusqu’à Rouses Point. Chez nous, on ne les entretient pas puisqu’elles sont impassables. Pourtant, les municipalités contribuent à cet entretien. Il était important qu’elles fussent entretenues dès le commencement de l’hiver, à la veille des Fêtes, alors que les touristes sont plus nombreux, si l’on ne voulait pas les décourager. On ne l’a pas fait. Il est à craindre que les Américains ne se risquent plus à venir chez nous en hiver par les routes. Les municipalités continueront cependant à contribuer à l’entretien de ces routes et elles n’en bénéficieront pas autant qu’elles le devraient. La faute en est à qui?
À Montréal, les automobilistes ont pu circuler avec assez de facilité en choisissant les rues où il y a des tramways. L’administration municipale a fait diligence pour nettoyer aussi rapidement que possible les rues. Ce sont les tramways qui ont le plus souffert de la neige. Ici, les automobilistes ont leur part de responsabilités à prendre, car en plusieurs cas ils ont fait preuve de bien peu de jugement en laissant à l’enlèvement rapide de la neige. Espérons que la police prendra les mesures pour forcer les automobilistes à garer leurs voitures pendant les tempêtes pour qu’elles ne nuisent pas au travail des charrues.
(Ce texta a été publié le 28 décembre 1929).

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