Offensive pour détruire le mouvement terroriste
À 14 heures, le 15 octobre 1970, heure à laquelle le premier ministre Robert Bourassa a demandé le support de l’armée canadienne. Ainsi les gouvernements du Canada et du Québec mettent en branle une offensive d’urgence nationale. Le but ultime n’est rien d’autre que la destruction complète des mouvements terroristes au Québec. Dans cette optique, l’affaire des enlèvements de MM. James Cross et Pierre Laporte n’est graduellement devenue au cours des jours qu’un des multiples éléments qui ont guidé la mise au point d’une opération beaucoup plus vaste. Elle est « conçue en fonction de la défense des institutions publiques et de la sauvegarde de la démocratie ».
Tant Robert Bourassa que le premier ministre fédéral, M. Pierre Elliott Trudeau, ont en effet insisté à maintes reprises sur ce fait. En effet, selon leurs renseignements, l’activité terroriste au Québec est suffisamment dangereuse pour saper les fondements du régime politique canadien.
Le chef du gouvernement canadien surtout n’a pas caché qu’il n’hésiterait à promulguer des restrictions aux libertés civiles. Cela dans le but pour briser à la racine la naissance d’un pouvoir parallèle. Cet « pouvoir parallèle » a eu la prétention de vouloir négocier avec les autorités.
Les gouvernements provincial et fédéral soulignent qu’il ne s’agit évidemment pas de se servir directement des forces armées pour effectuer ce « grand nettoyage ». Toutefois, l’affectation de l’armée à la protection publique et à la surveillance des édifices libérera les corps policiers fédéral, provincial et municipaux. Ainsi ils pouttony se consacrer entièrement à découvrir les caches terroristes.
Amendements au Code pénal – support de l’armée canadienne
Le premier ministre québécois a lui-même fait allusion, au cours de sa conférence de presse, le 15 octobre, à la possibilité de modifications au Code pénal, qui relève de la juridiction fédérale, pour faciliter la lutte au terrorisme.
M. Bourassa a refusé de dire si son gouvernement fera des représentations ou des suggestions au gouvernement d’Ottawa sur la nature des amendements qu’il aimerait voir adopter au code pénal.
Toutefois, dans la capitale provinciale, diverses sources indiquent que des amendements du genre de celui qui, par exemple, pourrait permettre aux policiers de perquisitionner sans mandat, pour une période déterminée, seraient de nature à obtenir l’adhésion du gouvernement québécois.
Il est d’ailleurs indéniable que depuis le début de l’activité terroriste, avec l’enlèvement du diplomate britannique à Montréal, il y a douze jours, les autorités fédérales et provinciales ont marché la main dans la main.
(Texte publié dans La Presse, le 16 octobre 1970).
