Gagnon condamné au bagne

Gagnon condamné au bagne pour la vie

Aurore, l’enfant martyre

Québec – L’heure du châtiment a sonné, cet avant-midi, le 5 mai 1920, pour nommés Télesphore Gagnon, 37 ans, et Roméo Rémillard, 21 ans (cet homme avait été impliqué dans une autre cause0, trouvés coupables au cours des récents procès qu’ils viennent de subir aux Assises présidées par l’honorable juge Désy.

Gagnon, on le sait, est le père brutal de l’enfant martyre de Sainte-Philomène de Fortierville. Il était accusé de meurtre, mais le jury l’a simplement déclaré coupable d’homicide. Le prisonnier est le mari de l’odieuse mégère, Marie-Anne Houde, bourreau e sa belle-fille Aurore Gagnon, 10 ans, laquelle mégère a été condamnée à mourir sur le gibet le vendredi 1er octobre prochain, après avoir subi son procès devant l’honorable juge L.-P. Pelletier.

Télesphore Gagnon
Télesphore Gagnon, le père d’Aurore. Source: Le Soleil, 1920.

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Quand l’honorable juge monta sur le banc, ce matin, la salle d’audience étaitpleine autant que durant les procès qui ont donné lieu à ces sentences. L’honorable juge Désy, s’adressant aux deux prisonniers qui attendaient leur sentence, dit :

«Dans l’accomplissement de leurs devoirs, devoirs dont les autorités compétentes les chargent, douze de vos pairs ont prononcé, sur les faits révélés par la preuve, dans la cause de Sa Majesté le roi contre vous, sur accusation de meurtre, et ils vous ont trouvés coupable d’homicide involontaire. C’est à moi qu’il incombe maintenant de vous imposer la condamnation que vous méritez, en vertu de la preuve et de la loi.

Assurément, il est dur d’appliquer strictement la loi, mais il y a là pour moi un devoir à remplir et il ne peut m’être permis de feindre l’évanouissement quand le châtiment s’impose, quand la vie de la société est en danger. Dieu me garde de cette sensiblerie qui a tant fait, dans certains pays d’Europe, pour encourager le mépris de la loi…

Puissiez-vous accepter et subir avec un esprit vraiment chrétien la juste condamnation que vous avez méritée».

Au bagne pour la vie

Puis le juge lit l’acte d’accusation porté contre Télesphore Gagnon, rappelle le verdict du jury et dit : «La sentence du tribunal est qu’on vous conduise au pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul. Vous y soyez détenu durant le reste de votre vie».

Avant de recevoir leur sentence, les deux prisonniers, en réponse à la question réglementaire du greffier ont déclaré qu’ils n’avaient rien à dire. En entendant cette terrible sentence, ils se sont contentés de baisser la tête.

(C’est arrivé le 5 mai 1920), texte publié dans La Presse).

bagne a la vie Télesphore Gagnon
Un grand nombre d’interventions infernales peuple toujours les délires de nombreuses personnes. Image : © Megan Jorgensen. Photo : © GrandQuebec.com.

Idées de damnation, Damnomanie (archaïque)

Les idées délirantes de damnation s’observent soit comme un mode d’explication de souffrances physiques ou mentales actuelles. Soit sous la forme d’une menace pesant sur la vie éternelle.

Ces idées s’inscrivaient autrefois dans le grand ensemble de la démonopathie. L’on décrivait leur systématisation sous l’étiquette de Damnomanie (Esquirot, Macario). Elles ont perdu beaucoup de leur importance et de leur intérêt sous l’influence des différents courants de la pensée contemporaine.

On ne les retrouve plus guère avec un caractère accessoire que dans les grands syndromes mélancoliques. Là où elles sont plutôt l’apanage des femmes, surtout âgées. Associés à d’autres idées de caractère pénible, elles s’organisent et sont superficielles. Elles font encore partie du syndrome de Cotard. Mais elles n’ont pas la signification pronostique péjorative que leur attribuaient les anciens auteurs.

On les rencontre encore dans certaines formes délirantes dépressives de la paralysie générale. Aussi dans quelques délires hallucinatoires chroniques ou paranoïdes. Encore chez quelques mystiques interprétants, chez des débiles ou enfants anxieux (fillettes le plus souvent).

Elles s’associent volontiers dans toutes ces formes aux idées de possession.

Voir aussi :

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