Immigrés : Abus souligné par le juge Bumbray de la Cour de circuit au sujet des immigrés qui quittent les fermes de l’Ouest pour venir vers l’Est
Une taxe spéciale
L’honorable juge Bumbray, de la Cour de Circuit, siégeant au tribunal de la naturalisation, s’est élevé encore une fois contre l’abus de certains immigrés de l’Europe centrale qui, entrés au Canada à la condition de s’occuper d’agriculture, quittent immédiatement leurs fermes de l’Ouest pour venir dans l’est grossir le nombre des chômeurs ou prendre la place de ceux qui travaillent.
L’honorable juge Bumbray a fait ces remarques en fin de semaine après avoir constaté que sur dix des personnes qui sollicitaient la faveur de devenir sujet britannique et qui étaient entrés au pays en s’engageant à s’établir sur des fermes de l’Ouest canadien, huit avaient manqué à leur engagement et n’avaient même pas séjourné là-bas le temps requis. La plupart n’étaient restés dans l’Ouest que quelques semaines pour venir ensuite vers les grandes villes de l’Est, Montreal, Toronto ou Québec.
Imposer une taxe
C’est ainsi, de dire le juge Bumbray, que des immigrés viennent vivre de la charité publique, grossir le nombre des chômeurs dans les grandes villes et, souvent, prendre la place de nos Canadiens. Il est temps qu’on s’aperçoive de ces irrégularités et qu’on prenne les mesures nécessaires pour y mettre fin. Un contrôle plus sévère devrait être exercé et, quand des immigrés entrent au pays à la demande de certaines provinces qui ont parfois besoin de travailleurs dans les champs, ces provinces devraient garder la responsabilité de ces personnes afin que les autres provinces n’en héritent pas malgré elles.
À ce sujet, l’honorable juge Bumbray a laissé entendre que de département du procureur-général de la province de Québec avait été saisi d’une demande aux fins d’étudier la possibilité d’adopter une loi provinciale imposant une taxe assez forte à tous les immigrés non naturalisés qui viendront s’établir dans la province de Québec.
Étrange apathie
L’honorable juge Bumbray s’est aussi montré sévère pour les personnes qui ne songent à demander leur naturalisation qu’après avoir séjourné au pays pendant vingt, trente, quarante ou cinquante ans. Il me semble assez étonnant, dit-il, que ces personnes ne songent à demander leur naturalisation qu’après un si long laps de temps. La citoyenneté britannique est pourtant un privilège qui en vaut la peine. Que penser de ces personnes qui viennent vivre au pays, qui profitent de nos ressources et qui ne se socient pas plus que ça des avantages de la citoyenneté britannique ? Veulent-elles tout simplement profiter de tout mais sans prêter l’allégeance demandée à ceux qui jouissent du droit de citoyenneté ?
L’audience que le juge présidait a d’ailleurs révélé un cas semblable. Il s’agissait d’une Américaine qui demandait sa naturalisation. Elle était âgée de soixante et dix ans et habitait le pays depuis soixante et deux ans. Ce n’est que maintenant qu’elle songe à demander la citoyenneté. Ce cas n’est pas unique.
(Cette nouvelle date du 20 mars 1939).
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