Nouveau stade olympique de Montréal
Un stade olympique de $55 millions, d’une capacité de 50,000 sièges pour le baseball et le football, portée à 70,000 sièges pour la durée des Jeux olympiques, utilisable 12 mois par année grâce à une membrane en plastique suspendue à un mât aux lignes futuristes. C’est ce qu’a révélé hier, 6 avril 1972, le maire Jean Drapeau au cours d’une présentation audio-visuelle devant la presse mondiale au centre Maisonneuve.
Ceux qui connaissent le maire Drapeau savaient que le stade olympique de 1976 sortirait de l’ordinaire. Ils ne se sont pas trompés. L’ingéniosité de l’architecte français Roger Taillibert, mariée aux recherches du Service des travaux publics de la ville de Montréal et aux connaissances pratiques d’un jeune ingénieur, M. Claude Phaneuf, a doté la métropole d’un stade vraiment unique en son genre.
De par la conception de l’ensemble sportif, il est impossible de dissocier le stade des deux édifices adjacents, la piscine et le vélodrome. Il était donc difficile d’en évaluer le coût (question brûlante d’actualité) d’autant plus que le maire a savamment évité toutes les questions relatives au coût des équipements olympiques.
Le stade sera couvert d’une membrane en plastique qu’on pourra déployer en 20 minutes tout au plus. L’utilisation du béton précontraint et du béton à voile mince, explique, selon M. Phaneuf, pourquoi on parviendra à construire le stade à un prix abordable, malgré ses lignes architecturales des plus spectaculaires.
Pour la durée des Jeux olympiques, le stade aura une capacité de 70,000 personnes, grâce à des estrades temporaires de 20,000 sièges. Installées à l’extrémité est de l’ellipse, donc sous le mât, ces estrades et les sièges temporaires de la piscine adjacente céderont leur place après les Jeux à une piste d’athlétisme de 250 mètres, entre le stade et la piscine.
L’utilisation à longue échéance
Le problème majeur était évidemment son utilisation à longue échéance. Il fallait que le stade serve, après les Jeux, pour autre chose que l’athlétisme, autrement dit qu’il devienne le domicile des Expos de la ligue Nationale de baseball, et des Alouettes ou d’une équipe de la ligue Nationale de football.
M. Phaneuf et ses acolytes s’en sont merveilleusement bien tirés. Grâce au jeu d’estrades mobiles de 5,000 sièges, qui se déplaceront sur un coussin d’air, on pourra facilement jouer au baseball un jour et au football le lendemain.
La membrane qui sert de toit et le mât qui la suspend demeure évidemment la pièce la plus spectaculaire du complexe sportif.
Le mât ne sera pas qu’une masse informe d’une hauteur de 500 pieds. Comme l’a expliqué son concepteur, le Français Taillibert, il contiendra pas moins de 100,000 pieds carrés de superficie de plancher, répartis sur 16 niveaux qui deviendront autant de gymnases d’entraînement pour différentes disciplines sportives.
Le long de la face externe du mât, des ascenseurs transporteront les visiteurs jusqu’à la terrasse et au restaurant panoramiques situés à 500 pieds du sol. En d’autres mots, ce mât et la membrane qu’il dissimulera, combinent en un seul et même élément deux des atouts des équipements sportifs de Munich, soit l’aiguille et la toile d’araignée géante qui recouvre le stade, le gymnase et la piscine.
La Presse, 7 avril 1972.
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