Sillons dans la glace

Les sillons dans la glace et un tragique accident

Le juge Lazure exonère la Ville de Montréal et le Tramway de deux morts

Accident tragique : Un malheureux accident, survenu le 26 janvier 1941 à l’intersection du Grand Boulevard et de la rue Sherbrooke, causa la mort de Mlle Marion Dorothy Wilson, 18 ans, tuée sur le coup et d’une autre personne. L’automobile dans laquelle celles-ci se trouvaient, et conduite par William Joseph Hodge, fut frappée violemment par un tramway. À la suite de cette tragédie, Hodge institua une action de $3,982,31 contre la Ville de Montréal et la compagnie des Tramways, demandant à la Cour supérieure de condamner les deux défenderesses à lui payer conjointement et solidairement cette somme.

De son côté, M. Thomas Wilson, père de la victime, poursuivait à son tour et la Ville de Montréal et William Hodge, leur réclament des dommages au montant de $2,474, 96. Les deux causes s’instruisaient devant l’honorable juge Wilfrid Lazure, de la Cour supérieur et, samedi matin, ce tribunal dans deux jugements élaborés, renvoyait les deux actions du demandeur Hodge contre les défenderesses et déboutait aussi le demandeur Thomas Wilson de son action contre la Ville de Montréal’, mais il condamnait Hodge, l’autre défendeur, à payer au demandeur Wilson la somme de $1,460,66 avec dépens, pour la mort de sa fille Marion Dorothy.

* Accident tragique

Le tribunal, dans des notes claires et précises mentionne les deux arrêts en question, puis expose : « Le demandeur Hodge conduisait sa voiture depuis une certaine distance sur la rue Sherbrooke où, prétend-il, la chaussée était plus ou moins recouverte d’une couche de glace, mais où il pouvait passer sans trop de difficulté ; ce n’est qu’arrivé à l’intersection de la rue Kingston qu’il constata que des ornières plus profondes qu’ailleurs, étaient formées dans la glace le long de la voie du tramway. Avant cette intersection, il porta plus ou moins d’attention aux tracés que les roues des voitures avaient creusées dans la glace, mais à la rue Kingston il fut, à un moment donné, amené à suivre ces sillons qui étaient profonds, selon lui, de quatre à six pouces.

D’après le demandeur, il aurait suivi, pour une petite distance, un autobus allant vers l’ouest, lorsqu’à la rue Kingston l’autobus se dirigea près du trottoir, alors que lui-même le dépassa pour être amené dans le sillon creusé dans la glace le long de la voie ferrée. Il continua à suivre ce sillon jusqu’à la rue Beaconsfield, puis de cette dernière rue jusqu’au Grand Boulevard où il constata soudainement qu’il lui fallait se diriger vers la droite pour éviter un tramway qui venait de l’ouest, sur la voie, à sa gauche.

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Il filait, dit-il, à ce moment-là, à environ quinze milles à l’heure. Les roues gauches de son automobile roulaient sur la langue de terrain entre les deux voies du tramway, et les roues droites de sa voiture dans une ornière, entre les deux rails de la voie nord des tramways. Il affirme dans son témoignage, qu’il y avait un sillon dans la glace sur cette petite langue de terre entre les deux voies, terrain communément appelé en anglais, comme il le dit devil’s strip or the dead centre part.

À l’intersection du Grand boulevard, il constata le danger, et c’est alors qu’il voulut sortir ses roues de l’ornière en tournant vers la droite, mais à un certain moment il sentit son automobile tourner en sens contraire, vers la gauche et déraper sur la glace, de travers dans la rue. C’est alors, à environ 40 ou 45 pieds de la ligne ouest de l’intersection, que la collision eut lieu. L’automobile s’écrasa. Les deux passagers près du demandeur périrent sur-le-champ. L’autre mourut le soir même à l’hôpital.

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Il ne faut pas oublier qu’à cet endroit de la rue Sherbrooke a un peu plus de 50 pied de large. C’est-à-dire, que les deux voies de tramway prennent un espace de 14 ½ pied alors que chaque côté des voies il y a un espace sur la chaussée de 18 ½ pieds pour les voitures. Le demandeur déclare bien qu’il y avait un amoncellement de neige sur cette partie de la rue, près du trottoir. Mais la preuve révèle plutôt que la chaussée et le trottoir étaient au niveau. Elle révèle aussi qu’à partir de l’ornière formée à la droite de la voie ferrée, allant vers l’ouest, cette partie de la chaussée bien que recouverte de de glace et de neige, étaient uniforme et en bon état pour le passage des automobiles. Soit une largeur d’environ seize pieds.

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Sillons de glace. Photographie de Megan Jorgensen.

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