Sécheresse au Québec

La sécheresse au Québec

La sécheresse au Québec : Une calamité sans précédent s’abat sur la province de Québec: L’extraordinaire séchesse* de l’automne dernier serait la cause du tarissement des puits et des cours d’eau. Un grand nombre de nos campagnes manquent absolument d’eau, cet article d’importance primordiale dans l’économie domestique

Une calamité dont jusqu’ici nous n’avons jamais connu les horreurs, menace maintenant de fondre sur notre province.

Les plus sombres épisodes des jours d’épidémie pâliront si la Dame Providence permet que nous soyons les victimes de l’épreuve redoutée.

Nous allons manquer d’eau, nous en manquons déjà

Dans un grand nombre de nos campagnes, c’est la disette absolue, et le cri terrifiant se fait déjà entendre: « De l’eau! Donnez-nous de l’eau! »

Ce ne sont pas là les affres d’imaginations malades, ni les prévisions inquiétantes d’un pessimiste maniaque, ni, non plus, les inventions de quelque reporter en quête de sensations: ce n’est que malheureusement, trop la réalité.

L’eau va manquer, elle manque déjà.

Dans la ville

Ici, à Montréal, croyons-nous avoir le droit de nous moquer, – nous croyant à l’abri, – des malheurs qui vont fondre sur nos frères de la campagne. Détrompons-nous!

La sécheresse de l’automne dernier est cause que le niveau du fleuve Saint-Laurent est très bas à ce moment de l’année.

En effet, c’est avec la plus grande difficulté que l’on peut maintenir le niveau de l’eau aux réservoirs de la ville. À la maison des roues de l’aqueduc, on n’emploie actuellement qu’une seule turbine, car il n’y a pas assez d’eau pour alimenter les diverses turbines.

Les citoyens sont instamment priés de ménager l’eau, car s’il advenait un grand incendie, la ville serait placée dans un dilemme très difficile à résoudre.

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Gicleurs d’eau. Photo : © GrandQuebec.com.

Dans nos campagnes

Mais cet état de choses, si inquiétant, n’est rien, comparé à ce qui se passe à l’heure qu’il est dans nombre de nos campagnes les plus florissantes.

Le croirait-on, déjà, dans les environs de Magog, des rangs entiers sont désertés : la soif à chassé les malheureux cultivateurs des champs où jusqu’ici ils avaient coulé des jours heureux.

Les manufactures qui, depuis des années, semaient le bien-être et la vie dans plusieurs de nos coquets villages, se voient forcées de fermer leurs portes, jetant sur le pavé toute une armée de pauvres pères de familles.

Et pour n’avoir pas à demander le pain en même temps que l’eau, quelques-uns de ces infortunés ont commencé à s’expatrier.

Disette d’eau sérieuse

Ailleurs, la disette est devenue tellement impérieuse, que l’eau se pèse, se mesure et se vend au plus haut enchérisseur, comme une liqueur précieuse.

À certains endroits, c’est deux centins que l’on vend ce liquide auquel la Providence pourtant nous a donné à tous des droits égaux.

Ailleurs, on est forcé de faire jusqu’à 20 milles par jour et plus, pour aller chercher de quoi désaltérer les familles et les bestiaux. Le même cri presque partout : «De l’eau! Donnez-nous de l’eau!»

L’exode

Actuellement, les cultivateurs sont forcés de vendre leurs bestiaux; ils ferment même leurs chaumières où ils ont vécu; les industries sont dans la stagnation; es ouvriers vont ailleurs demander du pain; mais tout cela encore, qui se passe dans certains centres de la province n’est que le prélude de ce qui nous attend si le niveau de nos rivières ne s’élève pas, et à brève échéance.

(Cette nouvelle date du 16 décembre 1903)

* Séchesse : ainsi le mot apparait dans le texte de La Presse, le 16.XII.1903.

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