Savon de cinq couleurs

Propose sérieux et badins les les pains de savon de cinq couleurs

Les pains de savon en cinq couleurs ont-ils été vraiment demandés par le public acheteur ? Ou les marchands ont-ils simplement voulu utiliser ce truc plutôt bénin pour susciter une demande accrue ?

La question a été posée, hier, par l’un des membres de la Commission royale d’enquête sur l’écart des prix des denrées, à un expert en la matière, M. Jack Genser, vice-président et directeur du service des ventes de la compagnie Steinberg’s. Le commissaire en question, M. Cleve Kidd, voulait surtout établir si oui ou non la multiplication des produits de même nature contribue à la hausse des prix aux consommateurs.

L’un ne lave pas mieux que l’autre M. Genser a admis que la demande est provoquée, en général, par la publicité, mais que celle-ci est lancée par des gens qui connaissent assez bien les goûts et les modes de vie de la population.

En d’autres termes, on n’aurait pas imaginé de lancer sur le marché cinq couleurs de savon si l’on n’avait pas prévu que l’initiative serait couronnée de succès.

Le vice-président de la grande entreprise canadienne a admis, toutefois, que la couleur n’ajoutait rien à l’efficacité du savon.

Les savons bleus, jaunes, roses, etc. sont faits, a-t-il dit en souriant, des mêmes ingrédients et lavent tous aussi bien les uns que les autres. Mais les fournisseurs ont constaté depuis longtemps que les clients aiment les couleurs.

Nous vivons d’ailleurs dans un monde de couleurs. M. Genser n’a pas voulu se prononcer sur l’influence qu’une telle multiplication des couleurs pouvait avoir sur la hausse du coût de production et, conséquemment, sur la hausse des prix chargés au consommateur, mais il a tenu à souligner que si les manufactures réussissent ainsi à vendre plus de savon, le coût de production en devient automatiquement moindre à la longue et qu’il n’y a donc pas heu de s’inquiéter à ce sujet.

Le représentant de la grande épicerie à chaîne canadienne a fait remarquer, dans un autre domaine, que la publicité pouvait peut-être imposer à l’origine un produit à la population mais que la vente d’un tel produit ne pourrait se continuer indéfiniment s’il ne répondait à un besoin réel.

Car, a-t-il dit, le public reste le dernier juge en la matière. D’ailleurs, a-t-il poursuivi, “jamais, dans toute l’histoire du commerce de l’alimentation au détail, les détaillants de denrées alimentaires n’ont été aussi conscients des besoins et des désirs de leurs clients. Ceux-ci, par suite de l’augmentation substantielle des revenus chez un bon nombre, désirent aujourd’hui, une plus grande variété de denrées.”

Les cosmétiques

Selon M. Genser, l’évolution du commerce de l’alimentation au détail, au cours de la période 1949-1957, a été marquée, à l’instar de toutes les autres industries, par une augmentation du coût de la main-d’œuvre et des matériaux de construction. Cependant, Steinberg’s est parvenu à amenuiser ces hausses grâce à un programme d’économie contrôlée, a de nouvelles méthodes de manutention et à une diversification plus grande de ses produits.

En réponse a une question de Mme Dorothy Walton, de Toronto, membre de fa Commission royale, M. Genser a expliqué que son entreprise, en mettant en vente des produits non alimentaires, comme les cosmétiques, par exemple, a empêché les prix des produits alimentaires de monter plus qu’ils ne l’ont fait. Car la marge de profit sur les cosmétiques est plus élevée que celle sur les produits alimentaires.

M. Genser a accepté, à la suite du président de la Commission, M. Andrew Stewart, d’Edmonton, que l’augmentation du coût de la mise en marché des produits alimentaires est responsable de l’écarte entre les bas prix payés aux producteurs et les prix élevés payés par le consommateur.

(C’est arrivé le 16 octobre 1958).

Voir aussi :

savon domestique
Savon domestique. En fait, le consommateur aime les couleurs vives. Photo de Megan Jorgensen.

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