Roman d’amour et amende de $100

Un boulanger jette sa femme dans la gueule du loup

Roman d’amour de deux printemps – $100 avec intérêts et dépens – Une histoire de Noël 1942

L’amour n’a pas d’âge. On le trouve dans tous les milieux. Nous le rappelons à propos d’une idylle avec un grand I, comme on va le voir. Un boulanger encouragea sa femme à faire les yeux doux à un tailleur de l’endroit. Il eut tort parce que le sieur tailleur, petit à petit, s’empâta pour l’accorte boulangère au point que l’épouse délaissée du tailleur demanda à la Cour supérieure une compensation en espèces sonnantes que vient de lui accorder l’honorable juge Alfred Duranleau. Dans son jugement, celui-ci condamne le boulanger et sa sirène à payer $100 à la femme du tailleur, le tout avec dépens. (L’esprit du temps des Fêtes et l’espoir de la paix sur la terre aux homme bonne volonté nous obligent à taire les noms des parties intéressées.

Dans sa déclaration, la demanderesse (la femme du tailleur) souligne que « cela » dure depuis deux ans. La boulangère, au su de son mari, a, par ses paroles mais encore plus par ses actes, dérobé à la demanderesse l’affection de son mari.

Au cours de l’été de 1939, la femme abandonnée surprit son mari ivre dans son automobile avec la boulangère qui le tenait par le cou. Les gaz étaient coupés. Le 24 décembre 1940, le tailleur passa la journée au débit clandestin du boulanger et y resta à boire jusque dans l’après-midi du 26 décembre.

Le croiriez-vous ? Le dimanche des Rameaux, le 6 juin 1941, notre tailleur passa la journée dans un hôtel à S.-Charles sur Richelieu, à boire avec la boulangère. Un mois plus tard, le tailleur osa passer devant sa demeure, se mit à faire crier sa sirène (celle de l’automobile jusqu’à ce que sa femme sorte sur le perron. Madame la boulangère cria alors à sa rivale : « Tu oses sortir, ma mau… eh… » Dans ses conclusions, le juge Duranleau décide :

« La conduite, en général, de la défenderesse dans ses relations avec le mari de la demanderesse, a été inexcusable, malicieuse, illicite et dommageable pour la demanderesse qui a droit à une réparation. Le mari de la défenderesse a eu tout, à bien des points de vue, d’encourager les intimités de sa femme avec le mari de la demanderesse. Il a toléré pareille conduite de son épouse, l’a encouragée et a participé à la plupart de ses actes répréhensibles et illégaux, engageant ainsi sa responsabilité personnelle et celle de la communauté dont il est le chef. Sans doute l’honneur et la sensibilité peuvent difficilement être estimés à prix d’argent, et le tribunal doit proportionner les dommages à la gravité du tort causé. »

Maître T.-A. Fontaine, c.r., député aux Communes, représentait la demanderesse.

(Cette nouvelle date du 26 décembre 1942. Texte paru dans le quotidien Le Canada, samedi, 26 décembre 1942).

Le sept centième anniversaire du « Roman de la rose »

C’est en 1237, d’après Gaston Paris, que fut commencé par Guillaume de Lorris “Le Roman de la rose” que devait terminer Jean de Meung. Sept centième anniversaire ! Voilà une œuvre qui a fait son chemin… Ce qui frappe, justement, dans la naissance et dans la vie du “Roman de la rose”, c’est l’immense publicité dont il a joui au cours des siècles et notamment la diffusion avec laquelle il fut “lancé”.

Plus de trois cents manuscrits, d’innombrables traductions anglaises, allemandes, italiennes. Bref, un magnifique succès de librairie, dirions-nous aujourd’hui, auquel il serait juste, à une époque d’anniversaires littéraires, de rendre hommage.

Voir aussi :

Le monde est partagé en deux, ceux qui peuvent faire une grève de la faim et ceux qui aimeraient une greffe de la faim (Inconnu). Photographie de Megan Jorgensen.
Le monde est partagé en deux, ceux qui peuvent faire une grève de la faim et ceux qui aimeraient une greffe de la faim (Inconnu). Photographie de Megan Jorgensen.

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