Regard sur la mode et les soins personnels en 1940
Regard sur la mode : Ainsi on voyait la mode et la beauté en 1940. Voici quelques conseils et récits qui nous sembleraient peut-être un peu curieux aujourd’hui:
Différents tissus
Les lainages anglais et les tissus français ont toujours beaucoup été appréciés par les femmes d’Amérique. Mais depuis la guerre, il est évident que l’importation de ces choses est rendue bien difficile. Cependant, le gouvernement anglais autorise le transport des tissus de laine. Comme la production s’est ralentie, dans les filatures des Îles Britanniques, on a décidé que la distribution des étoffes à travers les magasins européens serait un peu moins généreuse. De cette façon, il est possible pour nous, Canadiennes, de recevoir quelques beaux écossais et des tweeds superbes comme par le passé.
Le tissus de Gardiner, Munro, Linton Harris Tweeds et Otteburn ont servi à la confection d’un grand nombre de manteaux, d’ensembles et de robes d’automne de haute qualité.
Quant aux manufacturiers français, il va sans dire que leur production est momentanément interrompue. Grâce à de bonnes provisions faites il y a plusieurs mois nous n’en manquerons pas pour le moment. D’ailleurs plusieurs maisons françaises ont des succursales aux États-Unis.
Ainsi Ducharne, Combier, Coudrier ne sont pas près de s’épuiser, les maisons Blanchini a une usine assez considérable à New York, où des dessinateurs français créent des modèles qui sont ensuite réalisés par des ouvriers français.
On ne manquera pas pour cet automne, du moins de lainages de Rodier et de Lésur. Mais on ne sait pas si les deux grandes maisons parisiennes reprendront leurs activités dans l’avenir.
Les Américains ne cessent de tisser de riches soieries et des étoffes superbes qui font notre ravissement bien que les tissus français seront toujours au premier rang des beau tissus.
La couture chez soi
(Services des Patrons du journal « Le Canada), 27 août 1940
Commencez l’automne avec une jolie robe de lainage souple.
La jeune fille qui travaille ou celle qui a une vie assez active aimera sûrement porter ce ravissant modèle que nous présentons aujourd’hui. Le corsage est d’un genre nouveau. Il est fait en quatre parties. La jupe est assez ample. Les manches paraîtront plus hautes si elles sont munies de bourrues qui se cousent à même l’épaulette. L’encolure peut être en V. Mais le petit col rond fait encore plus jeune. On peut le faire ainsi que les revers des manches en tissu contrastant avec celui de la robe.
Le patron No 9506 se fait dans les grandeurs H. 16. 18. 20. 32. 34. 36. 38, 40 et 42. La grandeur 16 demande 3 1-8 verges de tissu de 35 pouces de largeur et 1-4 verge de tissu contrastant.
Vous pouvez vous procurer ce patron en en faisant la demande au Service des Patrons, journal Le Canada. 42 ouest, rus Saint-Jacques. Envoyés la somme de vingt sous en timbres postes canadiens ou par bon de poste. Ayez soin d’indiquer exactement le numéro du patron choisi et la grandeur désirée. Les patrons ne sont pas en vents aux bureaux du Canada.
La beauté – plus de naturel
Le temps n’est plus où les femmes se maquillaient à outrance et faisaient dire aux hommes qui les voyaient : « Quelle peinture! ». Et ils avaient bien raison ceux qui au lieu d’admirer cette soi-disant beauté la trouvaient tout simplement affreuse à regarder.
Bien des femmes perdaient ainsi de leur charme naturel. Mais c’était la mode de se couvrir entièrement la joue d’un fard assez épais et les paupières d’une crème bleuissant qui donnait l’impression à distance que la femme ayant les yeux ainsi maquillés avait reçu quelque coup fatal un peu plus bas que les sourcils.
Heureusement, toutes les femmes n’étaient pas assez bêtes pour se déguiser ainsi car, ma fois, c’était presque un déguisement. Et peu à peu on en est revenu au presque naturel.
Aujourd’hui, les femmes d’un certain âge essaient peut-être de se rajeunir un peu. Mais, on Dieu!, qui peut leur en tenir rigueur? N’est pas plus joli de voir une femme qui passe la quarantaine se donner certains soins afin de paraître un peu plus fraîche et charmante? D’ailleurs on sait qu’un homme n’aime pas vois vieillir la femme qu’il aime. C’est donc tout naturel que celle-ci semble garder une éternelle jeunesse.
Regard des jeunes sur la mode
Et puis les jeunes filles d’aujourd’hui elles-mêmes ne font pas usage de toutes les crèmes et les fards comme on le faisait à cet âge il n’y a pas si longtemps. On s’inspirait de la mode de Hollywood. Mais ce qu’on ne savait pas comprendre alors, c’est que pour tourner un film, souvent une actrice est obligée d’employer un maquillage très accentuée à cause de jeux de lumières dont se servent les cameramen pour la prise du film. Mais une fois retournée à sa vie ordinaire, n’allez pas croire que cette actrice s’embarrassera de tous ces artifices. Elle sait que là n’est pas la véritable beauté. Alors…
Car l’art d’être belle ressort un peu et même beaucoup de l’art de se maquiller. Et nous l’avons déjà dit, c’est un art qui s’apprend. Il s’agit de bien étudier son physique et reconnaître les avantages dont la nature nous a gratifiées puis d’en tirer le meilleur parti, les mettre en valeur sans exagération puis corriger délicatement les petits défauts.
Ainsi la ligne des sourcils sera nette, c’est-à-dire n’enlevez que les poils superflus; d’ailleurs on ne voit plus maintenant une seul ligne de crayon au lieu des sourcils. Et pour les crèmes. N’en faites qu’un usage modéré si vous avez la peau normale. Une crème nourrissante au coucher, une crème de base le matin après avoir fait votre toilette, cette dernière aidera à tenir la poudre et donnera à votre peau une apparence veloutée.
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Un peu de fard sur les joues si vous êtes trop pâle et un rouge à lèvres assorti. Vous pouvez passer sur vos sourcils et vos cils une petite brosse à cet effet trempée dans un peu d’huile de ricin inodore.
Quant à vos cheveux, ils seront toujours propres. On conseille de les laver à tous les quinze jours. Mais il me semble que chacune doit juger par elle-même si ses cheveux ont besoin d’un lavage plus fréquent. Je sais bien que les cheveux blonds pour paraître nets doivent recevoir un shampooing tous les huit jours. Mais évidemment, il y a des blondes et des brunes qui se soucient un peu moins de la propreté de leur chevelure que de celle de leur visage.
Vos cheveux seront souplement ondulés dans un genre qui fait bien ressortir votre personnalité. Ainsi, vous serez jolie sans artifices trop marqués, votre beauté sera naturelle. Et le naturel plaît toujours.