Québec et Prague

Des Québécois participent à l’effervescence de la Tchécoslovaquie

Debout près d’un écran cathodique, l’aire aussi sérieux qu’un diplômé d’Harvard, un jeune homme de 22 ans tend la main. C’est Stéphane Gariépy, un Québécois de Boucherville. Le 12 mars dernier, dans un local utilisé jusque là comme centre culturel, il ouvrait une discothèque capable d’accueillir plus de 1200 personnes, la plus grande discothèque de Tchécoslovaquie.

À ça façon, ce jeune homme sans expérience mais visiblement déterminé incarne bien le dynamisme d’un groupe de Québécois qui ont décidé de se tailler un fief dans la nouvelle Tchécoslovaquie du président Vaclav Havel.

Le changement se voit partout: dans les journaux qui naissent au rythme des jours, dans les panneaux réclame de Pepsi, Marlboro, Samsung, Sony, Price Waterhouse, qui poussent comme des champignons et dans les rues qui bourdonnent d’une activité étonnante.

C’est grâce à son ancien patron, Julius Kudelka, l’un des propriétaires de Métropolis de Montréal, que le jeune Gariépy a pu se lancer en affaire en Prague. Il y a environ six mois, Gariépy avait accompagné Kudelka dans la capitale tchécoslovaque pour y faire un travail pour la société Light and Sound, une société spécialisée dans l’installation des systèmes de son et d’éclairage.

Six mois plus tard, avec l’appui financier de son père, d’une banque locale et l’aide de Kudelka, Stéphane Gariépy signait une entente lui permettant d’utiliser le centre culturel de la rue Slavie comme discothèque et salle de spectacles. Sa discothèque est considérée maintenant comme la plus sophistiquée de Prague à cause de son système de son et d’éclairage, tout informatisé. Elle emploie 35 personnes et accueille environ 450 personnes quatre fois par semaine.

L’aventure du jeune Gariépy évoque l’enthousiasme qui manifestent Kudelka et d’autres Québécois qui ont décidé il y a environ deux ans de se lancer en affaires en Tchécoslovaquie. Par exemple, Pierre Charrier qui vient d’obtenir le contrat des machines distributrices du métro, et André Brais qui s’occupe de l’installation du système informatique au Ministère du Travail.

Au moment où le gouvernement tchécoslovaque s’apprête à annoncer son deuxième programme de privatisation des biens et des entreprises, une seule phrase revient dans la bouche des Québécois qui brassent des affaires en Tchécoslovaquie : « C’est le moment ou jamais de venir ici ».

« Ce qu’il y de malheureux, renchérit Julius Kudelka, c’est que sont les Allemands qui profitent le plus de la situation. Pourtant à chances égales, les Tchèques sont portés à favoriser les Québécois. »

Avis aux intéressés…

(Texte publié dans la Presse le 11 avril 1992).

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Édifice des commissaires à Montréal. Image : GrandQuebec.com

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