Le Québec a ses moutons, c’est connu, mais sait-on bien qu’il a aussi son berger ?
C’est des pâturages de l’Outaouais, où les moutons moutonnent de plus en plus, que descend ce dernier berger solitaire qu’aurait authentifié Gione si la Bergerie nationale de Rambouillet ne l’avait déjà diplômé.
L’unique berger du Québec, il faut bien le dire, mais pas fort, est toutefois né dans le midi de la France.
Gonzague de Mauriage est berger depuis 40 ans. Dès l’âge de 18 ans, il quittait le midi pour émigrer de ce côté-ci de la mare à canard où on le retrouve en Ontario, en Colombie-Britannique, en Alberta. C’est facile, on n’a qu’à suivre les moutons.
Mais le Québec aussi avait des moutons.
M.de Mauriage, après avoir passé quelques années dans les pâturages de l’Ouest canadien,acheta donc une ferme dans la région de Chicoutimi. Cette terre, à moitié consacrée à la culture, lui permit d’élever des moutons et des bovins et c’est là aussi qu’il vit grandir sa famille.
Les qualités du berger
« Chez le berger, dit M. de Mauriage, on doit retrouver l’amour du mouton, une honnêteté et une loyauté scrupuleuse, une certaine instruction, une grande mémoire et une bonne santé afin qu’il puisse manipuler les moutons dans difficultés lorsque les circonstances l’exigent. »
Se référant à son expérience des troupeaux de grand parcours qu’il a eu à surveiller dans l’Ouest, M. de Mauriage ajoute que ‘c’est à des hommes de cette catégorie qu’un propriétaire ou une compagne confie leur fortune et leurs intérêts, sans crainte de pertes catastrophiques. La devise des bergers est : loyauté et fierté », souligne-t-il.
M.de Mauriage raconte d’ailleurs avec beaucoup de couleur et d’images les saisons passées avec un vaste troupeau de moutons comprenant jusqu’à 2,500 bêtes.
« Nous partions, dit-il, vers la montagne, un berger et moi, vers la fin d’avril ou au début de mai, et y restions jusqu’au mois d’octobre avec seulement quatre chiens et les provisions portées à dos de chevaux. » Ainsi équipés, ils parcouraient avec le troupeau, un pâturage d’environ 100 milles de longueur et de 70 milles de largeur, couchant à la belle étoile et sous une petite tente.
Ça, c’était la belle vie. C’était du vrai tourisme, » fait remarquer en souriant le berger de carrière.
Un problème : la relève
La vie du berger comporte toutefois un élément qui rebute la jeunesse d’aujourd’hui : la solitude.
Les jeunes se désintéressent à tel point de la profession, dit M. de Mauriage, que, dans certaines régions d’élevage, il est devenu presque impossible de remplacer un berger qui quitte les rangs. Il ne reste, d’ailleurs au Canada, que quatre grands troupeaux nomades.
M. de Mauriage lui-même n’a pu intéresser ses fils à son métier de berger. Et c’est pour cette raison qu’il vendit sa terre du Saguenay et retourna sans hésiter à son boulot d’antan.
Il passa donc neuf ans à la station de recherches de Normandin et quatre à celle de La Pocatière, où, en plus de la régie du troupeau expérimental, il conseillait également les éleveurs de moutons du Bas-du-Fleuve et de la Gaspésie : plus de 20,000 bêtes sous sa surveillance.
À l’Institut de technologie agricole de La Pocatière, M. de Mauriage a donné quelques cours aux étudiants et présenté des conférences aux éleveurs de l’endroit. Il démontrait sur les lieux comment alimenter les bêtes, comment déceler les maladies du troupeau, en somme, comment élever un mouton qui soit vigoureux.
Et depuis le 20 février 1969, il assura la gestion et la surveillance technique nécessaires aux troupeaux de moutons du projet-pilote d’élevage ovin dans la région de l’Outaouais. Il y surveille les troupeaux de quelque 50 bergeries, soit environ 2,000 bêtes.
Pendant ce temps, une association professionnelle d’éleveurs de moutons se fondait à Rimouski et une cinquantaine d’éleveurs y adhéraient.
L’Association professionnelle des éleveurs de moutons de l’Est du Québec était mise sur pied le 18 juin. Son but est de donner une nouvelle orientation à l’élevage ovin.
L’Association veut en outre mieux définir les besoins de l’élevage des moutons et parvenir à l’établissement d’une programmation réaliste de cet élevage sur son territoire.
La Gaspésie et le Bas Saint-Laurent fournissait, en 1966, près de la moitié du marché de l’agneau québécois.
Et qui disait qu’il n’y avait plus de moutons au Québec…
Source du texte : La Presse, 23 juillet 1969.

Bonjour,
Je suis tombé sur votre article (https://grandquebec.com/nouvelles-quebec/quebec-berger/) en cherchant un job de berger au Québec. Savez-vous si il reste des emplois de berger ?
Effectivement, j’aimerais venir vivre au Québec et continuer mon beau métier de berger si possible. Si ce n’est pas le cas, peut-être y’a t’il des éleveurs qui cherchent à réhabilité cette pratique ?
En espérant que ce message trouve son chemin…
Cordialement,
Savino