Prix de Noël désorbitants
Un marché de Noël plutôt désolant. Produits peu attrayants mais de prix de Noël fort élevés. La dinde à 60 cents !
La place du marché Bonsecours, autrefois si achalandée à la veille du Noël, offrait ce matin, le 21 décembre 1920, un aspect plutôt désolant. Les cultivateurs n’y étaient guerre plus nombreux que les jours de semaines ordinaires. Ils n’offraient en vente que de fort rachitiques oiseaux de basse-cour. Très rares, les dindons, les oies, les canards, tant recherchés à cette époque de l’année. En revanche, beaucoup de porc éventrés, gisant dans le fond de grands berlots.
Les acheteurs étaient aussi clairsemés et peu empressés de payer la dinde 60 cents la livre. Chez les gros négociants de volailles, l’attrait des décorations attirait naturellement la masse de la clientèle. Il faut dire que l’on agençait superbement les étalages. En plus, il y avait de quoi tenter les gourmets. Mais beaucoup se contenteront, cette année encore, d’un modeste poulet pour leur dîner de Noël. Cela au lieu du traditionnel dindon.
Il y eut un temps, qui n’est pas si lointain, où on considérait ce roi de la gent aillée très cher à 35 cents la livre. L’an passé, on en demandait 52 et 54 cents. C’est « rien que 60 cents » aujourd’hui. Enin, « c’est bon marché » vous disent d’air convaincu cultivateurs et marchands de gibier.
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En général, les pris des oiseaux de basse-cour sont plus élevés que jamais, tandis que ceux du porc ont subi une notable diminution. L’oie se vendait 32 cents la livre à cette saison, l’an dernier, aujourd’hui, 35 cents; les poulets engraissés au lait, 40 cents en 1919 et 42 cents, en 1920. La volaille ordinaire n’a pas varié de prix, mais les pigeonneaux domestiques et importés, les oiseaux sauvages, tels que canards, pluviers, bécassines et autres petits gibiers à plumes ont dépassé tous les records du passé.
Les œufs à $1.16 la douzaine dans le grand commerce et à $1.25 chez certains détaillants son aussi en train de défier toutes comparaisons. Cependant, il ne semble pas y avoir pénurie d’approvisionnements, si l’on en juge par les opulents étalages des marchés et des étaux privés dans la cité.
Les légumes sont à des prix abordables. Les commerçants déclarent que les pommes de terre ont une tendance à baisser encore, ce qui est de nature à déjouer les combinaisons des cultivateurs enclins à garder leur récolte en cave dans l’espoir de revoir la hausse fantastique de l’hiver dernier.

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