Preuve accablante : Colis de Léo

Preuve accablante contre un prévenu accusé de vol

Le colis de Léo et sa visite au logis d’Estelle meunier – Le « coat de pluie »

Léo Béland, résident au 2839, rue Centre, quartier Pointe-Saint-Charles, dans l’arrondissement Sud-Ouest de Montréal, accusé de vol devant le juge J.-C. Langlois, était déclaré coupable, hier, par ce tribunal, et le prononcé de la sentence était ajourné dans son cas au 11 janvier prochain. Maître Antoine Senécal, C.R., avocat du ministère public, fit d’abord entendre Mme Estelle Meunier, résidente au 2649, rue Saint-Patrice, dans le même quartier, jeune femme timide qui déclara au tribunal :

  • Léo s’est présenté chez moi le soir de la Sainte-Catherine. Je lavais mon bébé, et ça « cogna » à la porte. Mon bébé était tout nu…
  • Le bébé ne nous concerne pas, intervient Maitre Senécal. Avez-vous reçu, ce soir-là, le colis produit devant le tribunal ?
  • Oui, je l’ai reçu.
  • Et vous l’avez porté chez votre mère ? Avez-vous développé le colis ?
  • Non, je ne l’ai pas développé.
  • Le colis, était-il volumineux ?
  • Il faudrait le refaire.
  • Voyons, madame, était-il gros comme une livre de beurre ou comme une tinette de beurre ?
  • Plutôt comme une tinette de beurre, Son Honneur.
  • Le porteur du colis, était-il le prévenu à la barre ?
  • Je ne l’ai pas vu. Il me donna le « paquet » et me dit : « Estelle, va le porter chez ta mère. »

Mme P. Séguin, mère du témoin précédent, déclare avoir reçu le colis de sa fille, mais ne l’avoir pas développé. Ce sont les détectives qui l’ont ouvert. Deux détectives viennent ensuite déclarer avoir ouvert le colis, pour y trouver des marchandises volées, pour la somme de $150 en tout. C’était la propriété de personnes inconnues et le tout était enveloppé dans un « coat de pluie », selon les mots d’un témoin. Un détective visita Mme Meunier, qui lui déclara ceci : « J’ai porté le « paquet » chez maman, parce que je ne voulais pas me faire voler, mon mari étant en prison ».

Puis le dernier témoin du ministère public exposa :

  • Mme Meunier déclara bien connaître Léo Béland, et c’est elle qui nous l’a amené après cinq visites dans des restaurants. Elle déclara positivement que le prévenu lui avait apporté le colis.

Maitre Hector Langlois, avocat de la défense, déclara qu’il n’avait pas de témoins à faire entendre et demanda la libération de l’inculpé, parce qu’un doute raisonnable sortait de la preuve du ministère public. Maitre Senécal, présente un bref réquisitoire et dit :

  • La jeune madame Séguin déclare d’abord ne pas avoir reconnu celui qu’elle appela Léo, puis c’est elle qui le retrouve pour les détectives. J’ai voulu épargner ce témoin et j’ai laissé aux détectives le soin de relater l’arrestation du prévenu. Je crois en conscience que la preuve suffit pour une condamnation.

Le juge écoute les déclarations et prend ensuite la parole :

  • Et je le déclare coupable sans le moindre doute, conclut le tribunal. Je passerai la sentence le 11 janvier 1940.

(Texte paru dans le journal Le Canada, mardi, 9 Janvier 1940).

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