Poursuites au criminel contre Martineau, Talbot et Bégin
Hommes politiques accusés : 24 septembre 1963 : Pour la première fois depuis 1892, des hommes politiques de la province seront mis en accusation devant les tribunaux de juridiction criminelle. On traduira en justice, sous des accusations de fraude et de conspiration trois personnages qui furent des têtes dirigeants du parti de l’Union nationale et un fonctionnaire du régime qui domina durant près de 20 ans la politique québécoise.
Ce sont MM. Jos – D. Bégin, ex-ministre de la Colonisation; Gerald Martineau, conseiller législatif; Antonio Talbot, ex-ministre de la Voirie; et Alfred Hardy, ex-directeur du service des achats durant la plus grande partie du régime Duplessis, soit entre 1936-1939 et 1944-1960. On sait que MM. Bégin et Martineau furent également respectivement organisateur en chef et trésorier de l’Union nationale durant cette période.
Le poste du directeur du service des achats relevait directement dans ce temps-là, comme aujourd’hui, d’ailleurs, du premier ministre.
Un important homme d’affaires de Québec, M. Arthur Bouchard, frère du conseiller législatif Albert Bouchard, sera lui aussi poursuivi sous une accusation de conspiration pour fraude.
Fraude de $310,000
78 chefs d’accusation impliquant des sommes de $310,000. Tel est le bilan sommaire des nombreux dossiers qui comportent les diverses accusations. Toutes ces accusations comportent des actes posés par les accusés entre le 1er juillet 1955 et le 30 juin 1960. Soit la période qui fit l’objet de l’enquête de la Commission Salvas. On notera que ces années concernent les dernières années du cabinet Duplessis, les 100 jours du Me Paul Sauvé et les quelques mois du pouvoir d’Antonio Barrette.
M. Georges R. Marier a porté toutes les plaintes ont été portées par M. Georges R. Marier. On se souvient que M. Marier est celui qui, comme enquêteur spécial colligea les données qui alimentèrent durant de longs mois les séances publiques de la Commission.
Ce début de dénouement de la Commission Salvas a éclaté comme une bombe dans l’atmosphère surexcitée du Vieux Palais de justice de Québec, le 24 septembre 1963. Manifestement, on a gardé bien le secret. Car même dans les milieux judiciaires de Québec, on a semble surpris par le geste.
La poursuite intentée contre M. Antonio Talbot est celle qui a eu le plus grand effet. D’autant plus qu’il n’était aucunement question de Me Talbot dans les recommandations des commissaires qui ont fait rapports l’été dernier.
En même temps qu’éclatait la nouvelle les journalistes ont dû prendre le parti d’être très circonspects car toute l’affaire est maintenant « sub judice ».