Pornographie et violence
La violence envers les femmes plus fréquente chez les amateurs de porno
Il n’est plus permis d’en douter ; il existe un lien direct entre la consommation de pornographie et la violence faite aux femmes. La consommation de films et de revues porno rend également les gens plus tolérants à l’égard des batteurs et violeurs de femmes.
Plus de quinze ans après que la Commission présidentielle américaine, ait conclu au caractère inoffensif de la pornographie, un groupe de Québécoises ont réalisé au cours de la dernière année une nouvelle et impressionnante étude sur le sujet. L’étude comporte une revue des recherches sur la pornographie, des échanges avec des femmes victimes de violence sexuelle ou physique, et une enquête auprès de trois groupes masculins distincts.
Marrainée par le groupe Par et Pour Elle de Cowansville et subventionnée par le Secrétariat d’État à Ottawa, l’étude du collectif de recherche sur la violence et la pornographie, dont le rapport de 243 pages était rendu public hier, le 2 avril 1986, à Montréal, a abouti à plusieurs constats, dont voici les principaux :
C’est le groupe – cible ( condamnés pour agression physique ou sexuelle contre une femme ) qui consommait le plus de pornographie, soit 54,5 %, contre 47,8 % dans le groupe des autres détenus et 32,9 % dans la population générale. C’est aussi surtout les hommes du premier groupe qui ont grandi dans une famille où l’on consommait beaucoup de porno ( 72,6 %, contre 55,4 % et 37,5 % ).
Parmi le groupe – cible, ce sont très majoritairement les gros consommateurs de pornographie ( entre 75 % et 100 % ) qui ont été violents envers leur conjointe : plus la consommation augmente, plus l’adhésion aux clichés sur la sexualité s’accroît. Ainsi, 50 % des collectionneurs ou « vrais mordus » de pornographie dans la population générale pensent qu’une femme peut jouir à l’occasion d’un viol, contre 25 % chez les non collectionneurs.
C’est dans le groupe – cible qu’on retrouve la plus grande proportion de ceux qui croient qu’une femme peut « tout le temps » ou « la plupart du temps » empêcher un viol. Par contre, c’est parmi les deux autres groupes qu’on croit surtout que la femme provoque « toujours » ou « souvent » le viol.
Ces constats, et plusieurs autres, n’étonnent pas les sept femmes qui ont mené l’enquête. « Ils confirment ce que nous savions déjà d’instinct, mais que personne n’avait encore réussi à établir clairement devant les autorités », dit la coordonnatrice, Nicole Côté.
Publié dans La Presse, le 3 avril 1986.
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