Paul Sauvé est décédé
Le premier ministre Paul Sauvé, qui a remplacé le premier ministre Maurice Duplessis à la mort de celui-ci le 7 septembre 1959, est mort subitement la nuit dernière (le 2 janvier 1960) d’un arrêt cardiaque à sa résidence de Saint-Eustache.
Les routes menant à ce village sont engorgées ce matin d’innombrables voitures des curieux et des visiteurs venant rendre un dernier hommage à celui qui a transformé la province en quelques mois.
Joseph-Mignault-Paul Sauvé, député de Deux-Montagnes, le matin du 11 septembre dernier prononçait les paroles sacramentelles « Je le jure » en s’engageant solennellement à bien servir Sa Majesté et à travailler dans l’intérêt de ses sujets. Le nouveau premier ministre devait demeurer moins de sept semaines à son poste avant d’être foudroyé par la mort dans la pleine force de l’âge, mais ces quatre mois allaient être d’une activité fébrile et de réalisations innombrables qui ont fortement impressionné les différents milieux politiques du pays et qui ont eu des échos jusqu’à l’étranger.
Quand, le 18 décembre dernier, le chef du gouvernement avait clos pour le Noël le travail du parlement après l’acceptation de 66 nouvelles lois, il avait dit aux députés : Nous partons tous l’âme sereine. Jamais on aurait cru que la carrière de Paul Sauvé était sur le point de se terminer.
M. Georges Émile Lapalme lui-même, le chef de l’opposition, s’était réjoui en constatant le 24 novembre qua la formation du ministère Sauvé constituait le commencement de la déstalinisation au Québec, faisant allusion aux actions des chefs de l’Union soviétique qui avaient voulu se démarquer du dictateur Staline à la mort de celui-ci.
Dernièrement, le Times de Londres comparait le député des Deux-Montagnes à sir George Étienne Cartier, le Père de la Confédération, et un bulletin de New York le décrivait comme le successeur possible de Très honorable John Diefenbaker à la tête du parti conservateur progressiste du Canada.
Déjà, inévitablement, se pose la question de la succession. Il n’y aura pas de chef intérimaire de l’Union nationale. Celui qui sera choisi sera le premier ministre de plein droit dès sa nomination au caucus de jeudi prochain.
Trois noms sont mis de l’avant : MM. Paul Beaulieu, ministre de l’Industrie et du Commerce, Yves Prévost secrétaire de la province et Daniel Johnson, ministre des Ressources hydrauliques. (Note de GrandQuébec: C’est finalement Antonio Barrette, ministre du Travail, qui fut choisi le 8 janvier 1960).
(Tiré de La Presse, 2 janvier 1960)

Voir aussi :