
Retour à Québec
Ce texte traite de la dernière étape de l’expédition commandée par La Presse pour faire la preuve qu’il était possible, l’hiver, de remonter le Saint-Laurent jusqu’à Québec malgré les glaces.
Le navire de La Presse jette l’ancre au quai de la Commission du Havre. La population de la cité de Champlain lui fait un accueil chaleureux.
Dépêche spéciale de notre correspondant à bord.
Québec, 11 avril 1908 – Nous sommes arrivés sains et saufs à Québec, à 10.30, cet avant-midi.
C’est par une brise nord, assez forte que nous sommes partis de la Rivière-du-Loup, d’où je vous ai télégraphie hier, à 10.30 a.m. Nous avons pris le chenal sud pour y faire des observations que nous n’avons pu faire auparavant, étant descendus par le chenal nord.
À 5 heures, nous mouillions au bloc de la traverse Saint-Roch, qui est une construction considérable, afin d’en prendre des photographies inédites.
Vers sept heures du soir, nous étions vis-à-vis L`Îlet, et nous entendîmes alors sonner l’Angélus au clocher du village.
À 8 heures 30, nous jetions l’ancre à la Pointe aux Pins, en haut du phare de Montmagny. Jusqu’ici nous n’avions rencontré que des glaces éparses ça et là, qui ne gênaient nullement la marche du navire.
À deux heures, ce matin, par un vent de tempête, l’homme de quart signalait la descente de champs de glaces d’une épaisseur de six à huit pieds. Le capitaine Bégin en conclut qu’une partie du pont du Sault de la Chaudière avait cédé sous les pluies continuelles de la dernière quinzaine,
À 2.30 heures, ordre était donné à l’ingénieur de pousser sa machine, et le steamer La Presse dut commencer une course de louvoyage accidentée à travers les banquises de glaces, poussés avec rapidité par le vent et le courant. Les encombrements qui surgissaient sur notre route devenaient aussi considérables que ceux que nous avons rencontré au départ, et plus dangereux, parce qu’il s’agissait maintenant de banquises isolées, offrant plus de résistance qu’une couche unie de glace. Cependant, nous réussîmes, malgré les ténèbres, à traverser cette impasse sans accident.
Avec le jeu, ce fut un jeu facile pour le capitaine Lacombe de faire la pointe ouest de l’Île d’Orléans. Les drapeaux flottaient sur le steamer; le canon de bord était prêt à tonner pour annoncer notre arrivée à la population de Québec, lorsque tout à coup, un bruit sourd se fit entendre en dessous du gaillard d’arrière, et l’ingénieur stoppait sa machine pour cause d’accident.
Quelques secondes plus tard, nous apprenions que la machinerie qui conduit le pouvoir des pistons à l’arbre de couche était presque toute cassée. La misaine fut immédiatement hissée, de même que le foc d’avant et il nous fallut regagner le bassin Louise sous voile et accoster et accoster à la jetée de la commission du havre au moyen d’une grue à vapeur.
Il est fort heureux que cet accident soit arrivé alors que nous étions à quelques encablures de Québec, à cause des grosses glaces que le fleuve charroie. Les dommages se chiffrent dans les cinq à six cents dollars.
Une foule assez nombreuse nous accueillit à l’embarcadère. Inutile de vous dire que nous faisions piètre figure encore sous le coup d’accident qui venait de nous arriver.
Note de GrandQuébec : Les deux représentants du quotidien qui se trouvaient à bord de La Presse, étaient Lorenzo Prince, directeur de la croisière de La Presse dans le golfe de Saint-Laurent et Eugène Berthiaume, secrétaire de la croisière.
L’embouchure du Saint-Laurent. Photo de GrandQuebec.com.
Pour compléter la lecture :
- Ligne du temps : 1908
- Histoire des communications au Québec (l’index thématique)
- Vie maritime au Québec (tout sur les bateaux)
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