Pas de nouveaux impôts
Il n’y aura pas de nouveaux impôts. C’est la bonne nouvelle que nous a annoncée hier le trésorier de la Province de Québec, l’honorable M. Mathewson, dans son Discours sur le Budget.
Ce n’était d’ailleurs pas la seule bonne nouvelle. Il est extrêmement réconfortant, par exemple, d’apprendre que malgré une diminution prévue de quelque deux millions de dollars dans les revenus de l’exercice qui commence jeudi prochain, 1er avril, le Trésorier se propose néanmoins de verser plus de cinq millions à la caisse d’amortissement, – et malgré cela, il bouclera l’année sans créer de nouveaux impôts, voire il prévoit un excédent de plus d’un quart de millions.
« Nous estimons, dit M. Mathewson, qu’il convient d’affecter toutes les sommes disponibles au remboursement de la dette en cours et d’alléger le fardeau des impôts dans toute la mesure du possible. L’année dernière, nous avons supprimé les péages sur les ponts, une affaire de $1,400,000. Cette année, nous proposons un dégrèvement en ce qui concerne les droits sur les petites successions. »
Un passage en particulier du Discours sur le Budget mérite d’être mis en valeur parce qu’il est une réponse extrêmement ramassée, vigoureuse et intelligente, à ceux qui aiment à traîner l’argument juridique de l’autonomie provinciale » dans les arènes électorales. Voici ce que dit M. Mathewson à ce sujet :
L’Administration actuelle estime qu’elle a reçu du peuple de la Province de Québec le mandat de gérer avec sagesse et prudence les affaires financières de la Province. Il ne serait pas justifiable de la Province. In ne serait pas justifiable de transmettre aux générations futures une province surchargée de dettes. Il ne pourrait à avoir de menace plus dangereuse pour l’autonomie d’une province quelconque (sauf, bien entendu,une défaite militaire) qu’un fardeau de dettes trop lourd pour ses contribuables.Une Province qui se trouverait dans une telle situation serait, jusqu’à un certain point, exposée à être placée sous tutelle. Il n’y a jamais eu, pour l’autonomie de Québec, de menace plus dangereuse que celle qu’a provoquée l’Union National en épuisant, en trois courtes années, le crédit de la Province après avoir ajouté à la dette publique une somme supérieure au total de la dette après quarante ans d’administration libérale.
C’est irréfutable. Quand un commerçant endetté jusqu’aux oreilles est mis en liquidation, l’autonomie de son entreprise ne vaut pas grand’chose. Il en est exactement de même d’un gouvernement provincial. S’il se met en telle posture qu’il a besoin d’un secours extérieur pour se renflouer, sa liberté, donc son autonomie, n’existe plus. Avec ses extravagances monstrueuses de 1936 à 1939, le régime de l’Union nationale a été pe pire ennemi de l’autonomie du Québec.

On est heureux aussi de lire dans le Discours sur le Budget cet admirable hommage à l’esprit de travail et de probité de nos cultivateurs :
Je tiens à signaler ici que pendant l’année en cours, à savoir, pendant l’année qui se terminera le 31 mars 1943, les remboursements effectués par les cultivateurs ont été encore plus satisfaisants. Beaucoup d’emprunteurs effectuent des paiements dépassant considérablement leurs obligations en vertu du contrat d’emprunt. Sur un total de presque 20,000 prêts (19,974) accordés par l’Office du Crédit Agricole, trente-trois paiements seulement, étaient en souffrance le 31 décembre 1942, et sur ce nombre se restreint, plusieurs cultivateurs avaient été retardés par le mauvais temps et ont depuis acquitté leurs arrérages. Mais, élément bien plus important que les sommes en jeu, ces chiffres constituent un témoignage frappant de l’honnêteté, de l’esprit d’économie et de travail ainsi que de l’intégrité fondamentale des cultivateurs de la province de Québec. Ceux-ci ne perdent pas de vue la vérité qui a valu dans tous les temps, à savoir qu’une dette est un fardeau et que le seul moyen honorable de s’en décharger est de rembourser la dette, et ce, aussi rapidement que possible. Le caractère constitue la pierre angulaire du crédit et dans la province de Québec cette pierre est solidement posée.
Au point de vue financier, l’administration que donne à la province le gouvernement de M. Godbout est le reflet de la sagesse et de l’honnêteté de nos habitants, – et ce n’est peut-être pas un hasard que le chef de ce gouvernement sage est lui-même un cultivateur.
(Tiré du journal Le Canada, vendredi 26 mars 1943.