Haro sur les zizis
Le Musée du Bas-Saint-Laurent refuse des sculptures de Paryse Martin représentant pour la plupart des pénis de diverses formes, de diverses interprétations. On se marre en certains milieux mais, que le musée du Bas-Saint-Laurent se console! D’autres institutions publiques auraient eu, sans doute, la même réaction que lui devant le Modeste et mignon de Paryse Martin. La censure, en particulier la censure du pénis, n’est certainement pas réservée aux « régionaux » du Québec. En voici d’autres exemples :
C’est en invoquant des raisons esthétiques que, l’an dernier, la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal a refusé d’inclure un autoportrait nu dans une exposition du peintre Gilles Desmarais. En réalité, on craignait surtout les réactions des gens âgés du centre d’accueil situé au-dessus de la Maison du Plateau. Encore l’an dernier, la galerie L’Alliance, rue Sherbrooke, rejetait des dessins de corps d’hommes nus de Frank Mulvey après avoir retenu l’artiste comme exposant.
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On se souvient aussi de l’affaire de la galerie Fokus, où ce sont des citoyens cette fois, qui en 1987, ont porté plainte contre une petite photographie de Martin Lebovitz montrant une main de femme sur un pénis en érection, exposée dans la vitrine de ce modeste café de la rue Duluth. Les mêmes citoyens ne se sont plaints des affiches du cinéma L’Amour de la rue Saint-Laurent, à deux pas de Fokus, exposant des femmes aux jambes écartées.
L’Escouade de la moralité est également intervenue à la galerie de l’Université Concordia, il y a quelques années, pour saisir une sculpture de Mark Prent représentant un comptoir de boucher où des pénis tenaient lieu de saucisses.
Paryse Martin, qui considère ses phallus-gâteaux comme une sorte d’hommage aux hommes, ne comprend pas que le sexe mâle soit toujours aussi tabou. « Peut-être, dit-elle, qu’un homme nu est plus nu qu’une femme. Il ne peut rien cacher, même pas ses sentiments ».
(Publié le 24 février 1990).
