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Oui et non aux fusions

Oui et non aux fusions

Oui et non aux fusions

Le « non » sort toutefois gagnant à l’UMQ

Le nouveau président de l’Union des municipalités du Québec sait comment les membres de son association affichent des positions divergentes. Comment en tenir compte et amorcer une réflexion sur l’avenir des villes québécoises.

Bernard Gagnon maire de Saint-Basile-le-Grand, est le nouveau président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ). Élu à ce poste lors des dernières assises annuelles de l’UMQ, de son aveu, il accède à une présidence à un moment charnière dans l’histoire de cette organisation. En effet, le premier novembre prochain, lors des élections municipales et la création des nouvelles villes nées du projet des fusions municipales, plusieurs des villes membres de l’UMQ disparaîtront tout simplement de la carte. Évidemment, pareil changement oblige à se pencher sur le mandat et la mission de l’UMQ et appelle une réflexion politique. Rappelons que présentement l’UMQ regroupe 280 municipalités, la plupart en zones urbaines et compte pour 80 % de la population du Québec.

Lors des assises annuelles, les membres de l’Union des municipalités du Québec ont clairement réaffirmé leur opposition au projet de fusions forcées piloté par Louise Hard, ministre d’État aux Affaires municipales et à la Métropole. «Globalement, nous croyons que le dossier des fusions municipales devrait être abordé selon le principe du volontariat. Ce sont les personnes concernées qui devraient décider de leur avenir.»

Mais devant la fermeté avec laquelle le gouvernement procède dans ce dossier, on peut se demander si cette opposition est toujours de mise. M. Gagnon croit que oui, du moins en ce qui concerne le principe que les fusions doivent se faire sur une base volontaire.

Mais il admet que c’est aussi une position délicate sur laquelle devra se pencher le conseil d’administration de l’UMQ. «Il y a parmi nos membres toutes les tendances en ce qui concerne les fusions municipales. Certains y sont farouchement opposés, plusieurs sont présentement impliqués dans des fusions forcées, et d’autres avancent avec des projets de fusion volontaire. Il est donc difficile de trouver une position qui puisse à la fois rendre compte de toutes ces tendances»

D’autant plus que le rôle des municipalités est appelé à évoluer dans l’avenir. «Les enjeux deviennent de plus en plus régionaux: prenons pour exemple m seul plan de gestion des déchets. les intérêts sont de plus en plus communs, les municipalités doivent collaborer entre elles. C’est pour cela qu’on ne peut pas condamner les fusions municipales. Il faut aussi tenir compte de l’ensemble des intérêts de la collectivité.»

Administration ou gouvernement

Au cœur du débat et de la réflexion politique qu’amorce Bernard Gagnon, il y a la question du rôle intrinsèque de la municipalité. «Nous sommes dans une période de mouvance complète au sujet du rôle de la municipalité, et nous devrons faire un choix. Quelle organisation municipale locale voulons-nous?». La question qu’il soulève pourrait se formuler ainsi: une municipalité est-elle une administration avec un pouvoir délégué dans certains domaines, dont la cueillette des ordures ménagères par exemple, ou est-elle un gouvernement local en mesure de rendre les services généraux de proximité?

«Il faut voir le problème de l’autre bout de la lunette, du point de vue du citoyen. Celui qui vient me voir avec un problème de transport en commun ou de CISC, par exemple. Suis-je en mesure de l’aider? Le citoyen, lui, aimerait bien que oui. Je crois qu’il a raison et que c’est lui qui est à l’avant-garde. Il faut rapprocher le pouvoir des citoyens et je crois que les municipalités sont en mesure de relever le défi de la proximité des services».

Quant aux types de services de proximité dont éventuellement les municipalités pourraient prendre charge, M. Gagnon pour le moment n’en exclut aucun. Il souhaite une discussion ouverte avec toutes les options mises sur la table. «L’objectif est de rendre le meilleur service possible au meilleur coût Mais avant de décider quel services de première ligne les municipalités peuvent rendre aux citoyens, il faut d’abord choisir quelle sorte d’organisation municipale locale nous voulons: une simple administration ou un véritable palier de gouvernement.»

Ce que souhaite finalement M. Gagnon, c’est une décentralisation du pouvoir et non pas une simple déconcentration.

Et les municipalités sont amenées à accepter davantage de responsabilités, il faut que le gouvernement à Québec leur en donne les moyens. «On veut bien rendre les services mais il nous faut les ressources nécessaires.» Selon M. Gagnon, une dévolution des pouvoirs vers les municipalités doit s’accompagner des points d’impôts correspondants. «Un pourcentage de la TVQ, par exemple. Cela nous permettrait aussi d’encourager l’ensemble des initiatives locales.»

Une main tendue

Bernard Gagnon est convaincu qu’il s’agit d’un enjeu qui touche tout le Québec. «Les municipalités situées en milieu rural devront faire face aux même défis.»

C’est la raison pour laquelle il souhaite ouvertement un rapprochement avec la Fédération québécoise des municipalités. Ce rapprochement est d’autant plus important que M. Gagnon croit que le moment est venu pour que le monde municipal parle d’une seule voix. «C’est la situation qui le commande. Im diversité présente équivaut à diminuer la portée du discours du monde municipal.

J’ai cru qu’il était pertinent de tendre la main.» Le rapprochement se fera à la faveur de dossiers sur lesquels les deux associations accepteront de collaborer.

Il donne en exemple le Centre patronal de relations de travail municipales où peut se conjuguer l’intérêt des deux associations. Quant à l’avenir, à savoir si les deux associations devraient fusionner, M. Gagnon pense que cela pourrait être possible. «Mais nous n’en sommes pas encore là.»

Il croit aussi que le monde municipal a trop longtemps été en position de repli. «Nous sommes trop souvent en réaction. Il faut être plus proactif. Il faut discuter des éléments qui nous impliquent et qui nous concernent.

Nous sommes en mesure de trouver les solutions aux nouveaux défis qui se posent aux municipalités.» Il demeure donc convaincu que la réflexion politique qui s’amorce sera bénéfique pour tous.

Par Pierre Vallée (texte publié le 27 mai 2001 dans le quotidien Le Devoir).

Hiver québécois. Photo de GrandQuebec.com.
Hiver québécois. Photo de GrandQuebec.com.

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