Un Soviétique triche

Un Soviétique triche et se fait éliminer

Quel idiot, s’est exclamé le président de l’Union internationale de pentathlon moderne et biathlon, le général Sven Thofelt, après que le célèbre pentathlonien russe Boris Onistchenko eut été éliminé des Jeux olympiques pour avoir participé à l’épreuve d’escrime avec une épée truquée, enlevant ainsi à son équipe – l’une des plus puissantes au monde – toute chance de répéter son exploit de 1972 et de remporter une médaille d’or.

Au Stade d’hiver de l’Université de Montréal, c’était la consternation générale: Onistchenko, 38 ans, médaille d’argent à Munich, aux épreuves individuelles de pentathlon moderne, maître émérite des sports dans son pays – Onistchenko, le grand Onistchenko, le dernier qui eut dû le faire, avait triché.

Oui, triché en dissimulant dans la poignée de son épée électrique un fil supplémentaire relié à un bouton lui permettant sur une simple pression d’un doigt, d’enregistrer une touche sans même avoir à effleurer son adversaire.

Le mécanisme était à ce point bien fabriqué que l’on l’a décrit comme un « chefs-d’œuvre » de perfection technique. Ce sont les mots du responsable de l’escrime aux Jeux olympiques de Montréal, M. Carl Schwende. C’est la première fois qu’un tel incident se produit aux Olympiades.

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On a découvert le truquage le 19 juillet 1976, au deuxième des seize tours de compétitions d’escrime du pentathlon moderne. Onistchenko affronte alors le Britannique Jeremy Fox. Le Soviétique effectue un développement, l’Anglais retraite. Mais, surprise, l’appareil de signalisation compte une touche. Protestations de Fox qui demande que les experts examinent l’épée.

L’Union internationale de Pentathlon moderne forme aussitôt un jury d’appel, demande à entendre Onistchenko. L’arme, dit-il, n’était pas la sienne. Explication non satisfaisante. Convaincu qu’il y a bel et bien eu tricherie délibérée, le jury disqualifie l’athlète russe de toutes les compétitions de pentathlon moderne aux Jeux de 1976.

Dans les épreuves d’escrime de pentathlon moderne, les athlètes se rencontrent à l’épée électrique reliée par un fil à un système de signalisation qui enregistre une touche dès que la pointe de l’un des participants rejoint le corps de l’adversaire avec suffisamment de pression. Le truquage de l’athlète soviétique lui permettait en quelque sorte de diriger lui même la signalisation électrique grâce au bouton caché dans la poignée de l’épée.

Boris Onistchenko
Boris Onistchenko à Montréal, en 1977. Photographie de l’époque, image libre de droit.

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