Onze ouvriers noyés à Laval-des-Rapides : Un caisson cède à la pression de la glace, sous l’eau
Onze ouvriers ont péri, en fin d’après-midi, hier (le 5 mars 1958), lorsqu’un énorme caisson d’acier construit au milieu de la rivière des Prairies pour permettre l’érection d’un pilier du nouveau pont de l’autoroute du Nord, a cédé sous la pression des glaces accumulées sur le côté ouest des chantiers, à Laval-des-Rapides.
Tôt ce matin, soit plus de huit heures après la catastrophe qui sema la confusion parmi les manœuvres, les autorités de la compagnie de construction Dufresne établissaient à 11 le nombre des disparus.
Trois des manœuvres qui travaillaient dans le lit de la rivière, au fond du caisson, ont toutefois eu la vie sauve. On les a identifié comme étant MM. Laurent Théorêt, 23 ans, de Saint-Eustache, Robert Dodge, de Bordeaux, et A. Fortin, de L’Abord-à-Plouffe.
On a transporté M. Théorêt à l’hôpital de Sacré-Cœur, souffrant de contusions et de choc nerveux. S’étant agrippé à des pièces de bois près du caisson, il a été secouru quelque cinq minutes après l’accident. L’un des deux autres survivants a été projeté sur la jetée tout près, tandis que les compagnons de travail ont secouru le troisième au moment où le courant allait l’emporter.
Recherches entreprises ce matin
Quant aux corps des victimes, on n’a aucunement tenté de les retirer de l’eau dans la soirée. Le surintendant du chantier, M. Paul-J. Brais, a déclaré qu’on devait entreprendre des recherches tôt ce matin à cet effet. Hier soir, deux plongeurs se rendent sur les lieux. Sans toutefois s’aventurer sous l’eau, le risque étant encore trop grand.
On a expliqué que les palplanches pouvaient coincer les corps. Ou encore les poutres en mouvement sous la pression de l’eau pouvaient les ensevelir. On a toutefois émis l’opinion qu’ils doivent être demeurés emprisonnés dans le caisson.
La tragédie se produit entre 5 heures 15 et 5 heures 20 hier après-midi. C’est-à-dire, un peu plus d’une demi-heure avant le départ de ce groupe d’ouvriers à la fin de leur journée de travail. Une poutre d’acier soutenant le caisson aurait cédé, permettant à l’eau de s’infiltrer aussitôt entre certaines palplanches.
(C’est arrivé le 5 mars 1958).
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