Nouvelles internationales publiées dans La Gazette de Québec jeudi, 4 juin 1840.
Ces nouvelles internationales de 1840 parues dans La Gazette de Québec, témoignent de l’importance que la presse du Bas – Canada assignait à ces événements.
Fondation d’un établissement de bienfaisance à Rome
La princesse douairière de Borghèse a fondé, à Rome, un établissement de bienfaisance, dans lequel seront élevés, à ses frais, cent enfants de pauvres familles; ils resteront dans cette maison jusqu’à ce qu’ils soient en âge d’être mis en apprentissage, Rivalisant de bienfaisance avec sa noble mère, le jeune prince Borghèse vient d’en donner une preuve éclatante à la famille de feu Varchéologue Nibbi ; il s’est chargé de l’éducation d’au des fils, et a voulu, en outre, doter deux filles de cet illustre savant le Champollion italien.
Journaux
Voici une statistique assez curieuse ; sur le nombre des lecteurs de journaux : En Espagne, on compte un journal pour 864,000 habitants ; en Russie, un pour 674,000 ; en Autriche, un pour 376,000 ; en Suisse, un pour 66,000 ; en France, un pour 50,000 ; en Angleterre, un pour 46,000; en Prusse, un pour 43,000 ; en Hollande, un pour 40,000.
Construction de deux obélisques à Rome
On écrit de Rome: « Ces jours-ci ka population de Rome et de ses environs a été témoin d’un spectacle qui, depuis plus de quatorze siècles, n’y a pas eu lieu. C’est l’arrivée et l’installation de deux grands obélisques. Ces monolithes, que M. le duc Alexandre de Torlonia à fait tailler dans les carrières de Barena, situées sur les rives piémontaises du lac Majeur, pour en orner la délicieuse villa qu’il possède près la porte Pia, pèsent environ cinq mille quintaux.
Leur hauteur est de quarante-cinq palmes (trente pieds), et leur largeur de cinq palmes (trois pieds quatre pouces) à la base, et de trois palmes (deux pieds ) au sommet ; de sorte que, comparés aux douze obélisque qui existent à Rome, ils sont plus grands que les quatre qui se trouvent sur les places du Panthéon et de minerve, et dans les jardins de Mattée et de Perciano. Mais un peu moins élevés que les huit autres. »
Despotisme du sultan d’Égypte
Égypte — Le Globe publie les détails suivants sur Mehemet-Ali et sur l’Égypte. Un voyageur qui revient d’Égypte rapporte que le despotisme de Mehemet-Ali porte à son comble. Ainsi i les Turcs avaient été victorieux à Nezib, la moitié des troupes égyptiennes auraient passé de leur côté, tant elles ont le dégoût pour le service du pacha.
Le mode adopté par Mehemet-Ali pour lever des soldats est des plus simples. Quand il veut augmenter sou armée, il profite de quelque grande fête ou de quelque grand marché. Même, au besoin, il réunit le peuple pour une cérémonie religieuse. Ensuite il le fait cerner par un corps de troupes sur lesquelles il peut compter. Ceux-ci, saisissant tous les individus mâles en état de porter les armes, les enrôlent immédiatement, sans leurs permettre de prendre congé de leurs amis ou du dire adieu à leurs parents. »
Préparatifs de guerre
On lit dans la correspondance d’Alexandrie du Sud de Marseille. Depuis huit jours, les préparatifs de guerre que fait le gouvernement se poussent avec une activité extraordinaire, À l’Arsenal, les forges travaillent même une partie de la nuit. Des détachements de troupes arrivent quotidiennement de l’intérieur. On les échelonne sur le littoral. Toutes les pièces d’artillerie en état de servir sont envoyées pour renforcer l’armement des principales places, telles que Rosette, Damiette, Aboukir, etc.
Tous les corps d’états de cette ville, à l’exception de celui des domestiques, s’organisent en garde nationale. Afin que l’on puisse mobiliser cette milice ou la mettre en activité au premier moment, chaque homme a reçu un habillement de soldat. On les oblige de revêtir chaque matin pour aller à l’exercice, de 7 à dix heures. Le reste de la journée est ensuite laissé au garde national. Pourtant il en profite peu.
La formation de cette garde a jeté une telle perturbation dans les habitudes de nos Arabes, qu’ils sont comme hébétés. Leur désolation a passé à l’état de stupeur. Au bazar, la plus grande partie des boutiques ont fermé leurs portes. Aucun indigène ne veut entendre parler ni de travail, ni de bénéfice, ni de plaisir. Des femmes, qui n’étaient pas sorties depuis vingt ans, courent dans les rues comme égarées.
Elles s’approchent d’une porte, frappent à coups précipités, et, sans faire aucun salut, elles entrent en demandant : A-t-on pris votre fils, votre mari ou votre frère ? Ils ont trouvé le mien trouvé ce matin. Nous sommes perdus ; il vaut mieux mourir !”
Santé de Kosrew-Pacha
Nous avons annoncé, d’après des lettres de Constantinople, le rétablissement de la santé de Kosrew-Pacha. Son premier soin a été de punir ceux de ses nombreux adversaires qui, durant sa maladie, avaient formé des complots pour le renverser.
Il s’est montré à eux dans toute sa puissance, dit une lettre et les a tous destitués, en commençant par Ali-Nidjib-Pacha, intendant de la Sultane, et le chef des énuques, le kizlar-agar. On assure même qu’il a fait signifier par le sultan à la sultane Validé qu’elle eût à renoncer enfin à ses continuelles intrigues qui ne faisaient qu’entraver encore la marche déjà assez embarrassée du gouvernement, si elle voulait éviter le fâcheux éclat qui résulterait des mesures que l’on serait obligé de prendre contre elle pour mettre fin à ses incessantes machinations.
Beaucoup de personnes sout disposées à croire que le vieux et rusé grand-vizir avaient feint d’être malade, quoiqu’il se portât aussi bien qu’à l’ordinaire, pour fournir à ses ennemis l’occasion de se déclarer, et se procurer le moyen d’en tirer une vengeance plus complète.
Hollande réduit son armée
On écrit de La Haye: « Le gouvernement parait décidé à ne plus conserver qu’une seule arme pour la cavalerie, celles des dragons. Ainsi on supprimerait les cuirassiers, les lanciers et les hussards. Il en résultera, dit-on, une grande économie.
Les colonies de bienfaisance, qui fixent depuis longtemps l’attention des hommes d’état à l’étranger, prospèrent de plus en plus. Celle de Frederikswoord, appelée ainsi parce que le second fils du roi en a la direction, compte aujourd’hui 9,000 habitants, tous gens qui autrefois ne vivaient que d’aumônes, et qui gagnent maintenant leur pain par le travail do leurs mains. On y occupe 466 métiers à filer du coton, et les pièces fabriquées, qui montaient l’année dernière à 36,000, s’élèveront cette année à 48,000.
Grèce : conspiration des généraux
La feuille hebdomadaire du clergé catholique d’Athènes donne quelques nouveaux détails sur la conspiration. Les écrits des médecins Clados et Stephanis, du conseiller Enian, etc., sont pour beaucoup dans l’effervescence des esprits, non moins que le tirage de l’Agathangelos à plus de 6,000 exemplaires. On y prédisait pour 1840 l’avénement d’un prince blond du nord, qui ferait rentrer Constantinople dans l’unité grecque, mais qui périraît comme Moïse avant d’avoir foulé le sol de Chanaan. Les plus crédules allaient jusqu’à espérer la résurrection du président Capo-d’Istria.
Les conspirateurs proclamaient alors la réunion de la Thessalie, de l’Épire, de la Macédoine. En fait, ils avaient nommé un comité directeur composé d’un prêtre, d’un militaire et d’un bourgeois. Ou attend des prisonniers de Patras et de Missolonghi. Les autorités ont arrêté à Spezziae Colantrouzzos, destiné aux fonctions de grand amiral.
Composition de la marine danoise
La marine danoise se compose de 6 vaisseaux de ligne, portant 486 canons. 7 frégates avec 312 canons. 4 corvettes avec 86 canons. 5 bricks avec 64 canons, et 3 schooners avec 20 hommes. En tout donc 25 vaisseaux ou 968 canons. Parmi ces bâtiments, sont encore sur le chantier: le vaisseau de ligne Chrétien VIII de 84 canons, et la frégate Thétis de 48 canons. Sa marine compte en outre 3 cutters et 79 chaloupes de guerre. (Par notre correspondant de Hambourg.)