Des notaires mystifiés
28 notaires ont été victimes d’une mystification
Appelés en pleine nuit dans la rue Champlain pour un prétendu mourant. La police intervient
Vingt-huit notaires ont été victimes d’une mystification de fort mauvais goût au cours de la nuit de lundi à mardi. Ils ont été appelés à une maison de la rue Champlain, sous prétexte d’assister un mourant qui désirait faire son testament. Mais il n’y avait ni mourant ni malade dans la maison et la maîtresse du logis, saisie de peur, téléphona à la police. On dit que l’auteur de la mystification est connu, que c’est un confrère des victimes.
Les notaires sont dans une vive indignation, car ils n’ont guère goûté cette plaisanterie. Ils auraient même décidé de traduire le coupable devant la Chambre des notaires, l’accusant d’avoir dérogé à son honneur professionnel. En outre les vingt-huit notaires lui réclament chacun une somme de $20 pour frais de déplacement.
Il y a deux ou trois jours un notaire de la campagne, dit-on, venait rendre visite à un confrère de la ville. C’est alors que l’idée vint à l’un d’eux de jouer un « bon tour » à ses confrères. Les 28 notaires, jeunes et vieux, furent priés par téléphone de se rendre à la maison de la rue Champlain.
Les notaires prirent la chose au sérieux et ils commencèrent vers minuit à se présenter à la maison désignée. Prise de peur, la maîtresse du logis prévint la police. Le défilé des notaires durant presque toute la nuit. Les derniers ne furent pas peu surpris de se trouver nez à nez avec les agents de faction à la porte de la maison. Ils retournèrent chez eux jurant mais un peu tard qu’on ne les prendraient plus.
17 novembre 1923.
Le notaire Crespin
Le notaire Crespin qui avait son étude à Chateau-Richer n’était pas un citoyen banal au dire de l’abbé Ferland. Nommé juge de la côte, par messieurs les seigneurs, il habitait la maison seigneuriale, décorée du titre pompeux de château.
Enfant du peuple, il en adoptait parfois le langage ; et dans son intégrité canadienne, il n’avait point honte de reconnaître, de réparer même publiquement ses erreurs et omissions de magistrat. Aussi personne ne, s’étonnait, lorsqu’on voyait placardée, sur les portes des églises, cette annonce en belle coulée, portant la signature de Crespin, père : « J’avions ordonné ; mais sur plus ample information je désordormons ».
Le Foyer Canadien. Prime 1863. Abbé J.-B. A. Ferland.
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