Mulroney poursuit Ottawa pour 50 millions
Mis en cause par le ministère fédéral de la Justice dans une affaire de pots-de-vin, l’ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney a annoncé qu’il intentera une poursuite de 50 millions de dollars contre le gouvernement et la Gendarmerie royale du Canada.
Le Financial Post d’hier fait état d’une lettre de 13 pages, signée par un procureur principal du ministère de la Justice à Ottawa, Kimberley Prost, envoyée au gouvernement suisse le 18 septembre 1995, au sujet des « activités criminelles de l’ancien premier ministre du Canada ».
De fait, le document accuse carrément l’ancien premier ministre d’avoir accepté des commissions secrètes lors de l’achat des 34 Airbus A320 par Air Canada, en 1988, à une époque où M. Mulroney était encore en poste à Ottawa et alors que le transporteur aérien était un société de la Couronne.
Fait à signaler, le Financial Post souligne qu’après une lecture attentive de la lettre, on arrive à la conclusion que le ministère de la Justice ne possède pas de preuves concrètes contre M. Mulroney. Le document serait plutôt basé sur des reportages de l’émission Fifth Estate, à la CBC, et du magazine allemand Der Spiegel.
Les accusations contenues dans cette lettre ont incité Brian Mulroney à se doter d’un super-équipe d’avocats provenant de cabinets différents.
Appuyés par le cabinet de relations publiques National (qui s’enorgueillit d’être le meilleur gestionnaire de « crises » au pays), trois de ces avocats ont organisé une conférence de presse pour annoncer la poursuite en diffamation.
« M. Mulroney n’a absolument rien à voir dans la décision d’Air Canada d’acheter des Airbus; in n’a pas reçu d’argent et n’a participé à aucun complot, d’entrée de jeu déclaré Me Yarosky. Ces affirmations ont été faites sans fondement et sans qu la GRC donne la chance à M. Mulroney de faire connaître sa version des faits. C’est injuste et indécent. »
(La nouvelle parue le 18 novembre 1995).