Mort étrange de Henri Séguin

Henri Séguin meurt une heure avant sa pendaison, le 19 janvier 1954

À peine une heure avant le moment fixé pour sa pendaison dans la prison de Cornwall – Il s’affaisse en convulsion – Une enquête

Cornwall, Ont. — Henri Séguin qui devait être pendu la nuit dernière pour le meurtre de Leonard Hurd, est mort aux 15 heures hier soir.

Le journalier âgé de 29 ans s’est évanoui et est mort dans des convulsions juste une heure avant l’heure où il devait être pendu.

Le bourreau attendait dans une chambre de la prison pour effectuer la première pendaison à la prison de Cornwall depuis 28 ans quand Séguin éclata en sanglots, s’affaissa en convulsions et mourut alors qu’un prêtre et un gardien de la prison se trouvaient dans sa cellule.

Le Dr J.-A. McGuire, médecin de la prison, a constaté la mort. Les autorités ont annoncé qu’une autopsie et une enquête seront tenues.

Une fosse avait déjà été creusée dans la cour de la prison, en prévision de la pondaison de Séguin.

Des officiers de la Gendarmerie royale de la Colombie-Britannique l’avaient interrogé au cours de la journée en marge de la disparition de deux personnes avec qui Séguin aurait vécu avant d’être capturé en Colombie-Britannique. Les gendarmes n’ont pas voulu préciser s’ils avalent pu obtenir des informations du condamné.

Séguin a été condamné à mort le 29 octobre dernier, plus d’un an après qu’on eut trouvé le corps de Hurd. la tête et la poitrine percées de balles, dans un de ses taxis près de Maxville, Ontario. On avait découvert le cadavre de Hurd le 26 octobre 1952. Hurd était âgé de 41 ans.

Le condamné a passé ses derniers jours à écrire un long manuscrit. Le contenu de ce manuscrit n’a pas encore été révélé, mais on laisse entendre que c’est la transcription de ses pensées et de sa philosophie au temps où il vivait à l’ombre de la potence. Ce manuscrit, à ce qu’on dit, serait adressé à sa sœur, pour qui il semblait avoir la plus haute estime parmi ses parents.

Les autorités de la prison et les gardes disent que Séguin ne leur causa aucun ennui pendant qu’il attendait en vain un sursis en grâce.

La Cour d’appel de l’Ontario et la cour suprême du Canada refusèrent toutes deux de rouvrir le cas et tout sursis fut rejeté samedi dernier.

Toutefois, sa réputation de « dur-à-cuire » se montra bien Justifiée par son refus constant de voir les membres de sa famille ou ses amis.

Séguin refusa aussi toute consolation spirituelle, jusqu’à hier soir, alors qu’il demanda un prêtre catholique.

L’abbé Rodolphe Villeneuve, vicaire à l’église de la Nativité de Cornwall, se rendit à la prison. Le garde D. C. Nolan l’accompagna à la cellule. Tous deux se trouvaient encore avec Séguin quand il succomba au milieu de convulsions, quelque 40 minutes plus tard.

Les autorités rie la prison disent que Séguin avait mangé normalement, lundi, et qu’il ne montrait aucun signe de maladie jusqu’au moment de sa crise.

Le geôlier J. S. Dickey manda tout de suite le, Dr J. A. McGuire, médecin de la prison, qui se trouvait sur les lieux, devant assister à la pendaison. Le Dr McGuire constata la mort de Séguin, environ une heure avant le moment où la justice humaine lui aurait demandé de faire la même constatation.

(C’est arrivé le 19 janvier 1954).

Henri Séguin avait caché sur lui une capsule de poison

Henri Séguin a caché sur sa personne, dans un récipient en métal, l’ampoule de verre contenant le poisson qu’il a avalé pour échapper au bourreau, a-t-on déclaré hier soir à l’enquête du coroner relative à la mort de Séguin.

Le jury n’est est venu à aucune conclusion quant à la façon dont le condamné s’est procuré le poisson, mais le Dr Smitri Lawson, coroner en chef de l’Ontario, a dit que la preuve confirme l’avis que Séguin aurait apporté le poison de la Colombie-Britannique le printemps dernier.

Le jury de cinq hommes a rendu un verdict de suicide à l’issue d’une séance qui a duré 2 heures et demi et au cours de laquelle 28 témoins ont déposé. Le jury a dit que la mort a été causée par une dose de cyanure que Séguin s’est administrée.

On n’a jeté aucun blâme sur les fonctionnaires de la prison du comté de Cornwell. Séguin est mort une heure avant d’être pendu pour le meurtre de M. Léonard Hurd, chauffeur de taxi de Maxville, Ontario, perpétré en août 1953.

Le Dr Ward Smith, médecin-légiste du bureau du procureur général, a dit dans sa déposition qu’un petit réceptacle en métal qui contenait le poison a pu être déposé pendant un espace considérable de temps dans le rectum de Séguin sans causer de gêne. Il aurait été difficile de découvrir ce poison sans un examen médical approfondi, a-t-il dit.

Voir aussi :

L’hiver. Photo de A. Voroabyev.

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