La mort du Frère André, thaumaturge du Mont-Royal
Son cœur est conservé dans une urne exposée à la crypte
Mort du Frère André : Le si renommé et si modeste religieux repose dans un décor d’une émouvante simplicité. – Obsèques samedi en la basilique de Montréal
La bonne figure du vénérable disparu
Témoignage de suprême vénération envers le grand thaumaturge que fut le frère André, son cœur sera conservé dans une urne placée pour le moment dans la crypte de l’Oratoire, mais qui sera plus tard transportée dans l’église, sous une châsse précieuse. Les autorités de la congrégation de Sainte-Croix n’ont pas permis que le corps du saint homme fût embaumé.
C’est pas grappes humaines qui en quelques heures formèrent une foule énorme allant et venant sans cesse que la population montréalaise va rendre le dernier hommage à celui qu’elle a vénéré de son vivant: le Frère André.
Le thaumaturge du Mont-Royal repose en chapelle ardente dans la crypte de l’Oratoire Saint-Joseph, son œuvre, inachevée, peut-être, mais qui un jour prochain dominera les flancs du Mont-Royal.
Le vénérable vieillard repose dans un cercueil très simple, en bois, comme l’exigent les règles de sa congrégation. Par permission spéciale de l’archevêché, la dépouille mortelle a été placée au haut de l’allée principale de la chapelle où les fidèles peuvent aller jeter un dernier regard sur celui qui demandait à tous de prier saint Joseph.
Modeste durant toute sa vie, le frère André dort son dernier sommeil dans l’ambiance, le décor qu’il aurait certainement souhaités. Aucune pompe, pas de fleurs, la plus grande simplicité…
(La Presse, 7 janvier 1937).
Note :
La mort du frère André, à minuit et 50 minutes, le 6 janvier 1937, a complètement bouleversé la vie montréalaise à l’époque. Sans aucun doute, avec raison, si on en juge par l’importance accordée à sa mort par les médias. Prenons notamment le numéro de La Presse, édition du 7 janvier 1937. On y trouve de nombreux articles et photographies consacrés à cet événement majeur.
Tout d’abord, à la page 1 commence le texte principal, dont nous avons reproduit les premiers paragraphes. Le tout est accompagné du montage de trois photos du frère André à différentes époques de sa vie. Le texte du télégramme du cardinal Villeneuve vient compléter le tout.
À la page 3, une photo montrant le frère André à l’agonie, prise sept heures avant son décès, et qui choquerait de ses admirateurs aujourd’hui. On y explique que le célèbre thaumaturge âgé de 92 ans souffrait d’hémiplégie et avait succombé à asthénie cardiaque.
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La page 14 se consacre entièrement au frère André. On y trouve les éléments suivants: un texte biographique et notamment consacré à la foi vive qu’entretenait le frère André envers saint Joseph; un texte sur l’affluence à l’oratoire; l’avis du médecin, le Dr. Lionel Lamy, quant aux raisons de sa mort; un montage photographique consacré à l’oratoire, une photo de la cellule du thaumaturge, et une photo du frère André en chapelle ardente.
Enfin, une grande partie de la page 15 se consacre également à ce triste événement. On y fait état d’une entrevue avec une parente, une cousine, la seule qu’on lui connaissait à Montréal à ce moment-là; trois photos, l’une prise en juillet 1936 chez cette cousine, une deuxième consacrée à la construction de son mausolée, et une troisième, le montrant à l’âge de 25 ans, en 1870.
À part quelques articulets consacrés à des témoignages à son endroit, un tout petit article complète cette couverture exceptionnelle. Ce court article fait état de la mort à Hull, dans la même nuit (ironie du sort) que le frère André, d’une autre cousine, Madame J.-B. Bessette, à l’âge de 84 ans. Le frère André lui avait rendu une dernière visite le 17 novembre avant sa mort.
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Le frère André n’est plus. Mais un double monument s’élèvera à sa mémoire vénérée. La basilique que sa piété autant que les dons des fidèles ont élevé sur le flanc du Mont-Royal. Le mausolée que les religieux de Sainte-Croix feront dresser bientôt tout auprès. Comme il y a loin de l’humble chapelle de 1904 au chef-d’œuvre d’architecture que nous pourrons contempler dans quelques années.