
Monument de Louis Riel à Regina
On juge une démocratie selon la façon dont elle traite ses minorités (Pierre Elliott Trudeau)
Ottawa – « Nous de devons jamais oublier qu’en fin de compte, on juge une démocratie selon la façon dont elle traite ses minorités. »
Et le premier ministre du Canada, M. Pierre Elliott Trudeau, qui prononçait une allocution à Regina, lors de l’inauguration d’un monument en l’honneur de Louis riel, le 2 octobre 1968, ajoutait : Le combat de Louis Riel n’est pas encore gagné.
Louis Riel, ce métis issu d’un père canadien-français et d’une mère indienne, voulait créer dans le Canada d’alors une république métis et avait dirigé la rébellion contre les autorités. Il fut exécuté, comme traître, à Regina, en 1885.
De ce métis rebelle, M. Trudeau déclare : « Personne dans toute l’histoire du Canada, n’a subi durant sa vie autant e revers de fortune. Il fut tour à tour chef de son peuple, président d’un gouvernement provisoire, fondateur de la province du Manitoba, fugitif en exil, député, hors la loi, puis, prisonnier.
L’inauguration du monument à Louis Riel représente, précise M. Trudeau, le renversement de l’opinion publique. Chef d’une minorité, il avait livré une dure bataille pour en faire reconnaître les droits. Il fut pendu, après avoir été jugé coupable de trahison. Et pourtant, voici qu’à l’endroit même où on l’exécuta, on lui élève maintenant un monument.
M. Trudeau tente alors d’établir un parallèle entre l’âpre lutte de Riel et celles qui perturbent aujourd’hui le Canada.
« Combien d’autres Riel y a-t-il au Canada qui, au-delà des normes admises de comportement sont poussés à croire que notre pays n’offre pas de réponses à leurs besoins, de solutions à leurs problèmes.
Bataille de Duck Lake
Le 19 mars 1885, Louis Riel, Gabriel Dumont et un groupe de Métis partisans de l’insurrection armée établissent le Gouvernement provisoire de Saskatchewan. Louis Riel est le chef politique et spirituel du gouvernement, alors que Dumont est nommé commandant en chef des forces militaires. Le même jour, le nouveau gouvernement envoie des émissaires auprès des chefs cris Poundmaker et Big Bear pour les inviter à rejoindre les Métis. Mais les deux chefs refusent de participer à la révolte, même s’ils n’empêchent pas les autres Amérindiens de se joindre aux rebelles.
Le 21 mars, les Métis demandent la reddition de Fort Carlton. Les résidents du village répondent avec la promesse d’ouvrir le feu contre leurs adversaires en cas d’attaque.
Le 26 mars, une escarmouche a lieu entre un groupe de Métis dirigés par Gabriel Dumont et une patrouille de la North-West Mounted Police (NWMP). La police tente de confisquer les munitions et les armes qui se trouvent dans le village de Duck Lake, alors occupé par des Métis et des Cris.
Les pourparlers commencent entre les deux parties. Un Métis exige qu’un interprète rende son fusil lors des négociations, mais celui-ci refuse. Alors le Métis saisit ce fusil, mais l’interprète en colère sort un pistolet et tue deux Métis. La bataille commence.
Cet épisode est resté dans l’histoire du Canada sous le nom de Bataille de Duck Lake, à laquelle participent environ 200 personnes des deux côtés.
Six ou huit Métis (dont le frère de Gabriel Dumont) meurent lors de l’affrontement, ainsi que douze opposants. Gabriel Dumont est blessé, mais il ordonne de poursuivre les troupes canadiennes en retraite et de les achever. Louis Riel, qui est présent, s’oppose à cet ordre et promet que le sang ne coulera plus. Il considère que cette victoire est un signe de Dieu, qui soutient les actions des Métis.
Cependant, une partie des colons anglophones qui éprouvaient une certaine sympathie pour la cause des Métis avant cette bataille, prennent maintenant leur distance avec les insurgés.
Louis Riel est persuadé que le gouvernement fédéral sera incapable de réagir et qu’il sera forcé de s’asseoir à la table des négociations. Cette stratégie avait d’ailleurs fonctionné lors de la rébellion de la Rivière Rouge en 1870.
Mais tout prophète qu’il soit, Riel n’est pas un devin, et il se trompe. Si, en 1869, les troupes canadiennes ont pris 3 mois pour se rendre jusqu’au lieu de la rébellion, cette fois le chemin de fer du Canadien Pacifique est déjà en service. Alors, les troupes régulières canadiennes et la milice, commandées par le major-général Frederick Dobson Middleton, arrivent à Duck Lake le 1er avril 1885, moins de deux semaines après la proclamation du gouvernement provisoire.
Bataille de Fish Creek
Après la Bataille de Duck Lake, tous les espoirs de résoudre cette situation sans violence se sont évanouis. Une semaine plus tard, le 2 avril 1885, Esprit Vagabond (Wandering Spirit) de la tribu du chef Grand Ours (Big Bear) soulève des rebelles de la tribu contre les Blancs. Les Cris tuent neuf habitants du village de Frog Lake, dont deux prêtres catholiques.
Le major-général Frederick Dobson Middleton, commandant des forces envoyées par le gouvernement canadien, ayant une longue expérience de service militaire en Inde, considère que c’est seulement par une bataille décisive qu’il pourra détruire la rébellion. Il établit ses quartiers dans le village de Qu’Appelle et décide d’avancer le 6 avril vers Batoche, «ville de Dieu» selon Riel et siège du gouvernement provisoire des Métis, distante de 300 kilomètres
Gabriel Dumont, chef militaire des Métis, est conscient qu’il ne pourra vaincre les forces canadiennes lors d’un affrontement direct. Il choisit donc de monter une campagne de guérillas pour déstabiliser ses adversaires, même si les Métis, qui ont leur propre conception du courage, exigent une confrontation ouverte.
Lors de leur avancée vers Batoche, les forces de Middletown sont rejointes par un grand nombre de volontaires qui sont en colère contre les Métis et les Amérindiens. De plus, deux bataillons des forces régulières de la province de Québec, qui se trouvent à Calgary, sont envoyés pour aider Middleton.
Le général divise ses troupes en trois colonnes. Il commande la colonne qui avance directement sur Batoche, tandis que les deux autres se préparent à encercler la ville. La colonne de Middleton compte environ 800 hommes.
Gabriel Dumont décide de faire front à Fish Creek, une localité située à 75 kilomètres au nord de l’actuelle ville de Saskatoon. Il place ses hommes le long d’une pente boisée et attend l’ennemi.
Le 9 mai 1885, les Métis qui occupent les collines ouvrent le feu. Les troupes de Middleton essaient de contre-attaquer, mais en vain. La pluie commence à tomber. Aussi les Canadiens se retirent-ils après environ quatre heures de combats.
Dix soldats sont tués, ainsi que quatre Métis. Il y a donc peu de pertes des deux côtés, mais c’est une première victoire pour les Métis, qui se croient désormais invincibles. En effet, près de 200 Métis participent à cette bataille, contre 800 ou 900 soldats et miliciens gouvernementaux.
Si le général Middleton avait pu savoir que lorsqu’il donna l’ordre de battre en retraite, les Métis avaient épuisé presque toutes leurs munitions, le sort de la bataille aurait peut être été différent. Mais ce n’est que partie remise…

Louis Riel vers 1880. Source de la photographie : library.usask.ca. Photo : Archives du Saskatchewan (Saskatchewan Archives Board).
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