Projet d’agrandissement pour le marché Bonsecours
Une dépêche d’Ottawa, ce matin le 23 novembre 1902, nous apprend que M. Z. Resther, architecte de Montréal, a fait enregistrer au bureau des brevets, un plan photographié du projet d’agrandissement du marché Bonsecours.
Voici quelque notes explicatives, accompagnant le plan projeté pour l’agrandisseur du marché Bonsecours par Édouard Gohier et J. Z. Resther.
Cette construction sera en acier sur des piliers en maçonnerie de pierre et ciment sur fondation en béton et asphalte, certaines parties en verre, et chaînes en granit gris, le bord de cette plateforme sera appuyé sur le mur de revêtement tout récemment fait par le havre. La charpente des couvertures sera en acier, elles seront recouvertes en cuivre et en verre, ces couvertures seront supportées par des colonnes en acier, superposées sur les colonnes supportant les planchers ; cette plateforme sera faite de niveau avec le principal plancher du marché Bonsecours ou étage des bouchers.
Ce projet ne comporte aucune expropriation vu que le tout sera construit au-dessus des rues. Il y aura des rampes pour arriver à ce niveau et en descendre, une à la place Jacques-Cartier, une à chaque bout du marché, et au besoin à la rue Berri, etc., ce qui facilitera l’arrivée et le départ des commerçants à n’importe quel temps de la journée, vu qu’il y aura un espace libre de 10’0″ de largeur entre les parties couvertes afin de permettre à ceux qui auraient vendu leurs produits de bonne heure de s’en aller quand ils le désireront
Le public pourra arriver sur cette plateforme en passant par le marché, et, par le fait, évitant de monter et de descendre des escaliers ; de plus, sur le rebord de cette plateforme, immédiatement au-dessus du mur de revêtement, il y aura une promenade de 12 à 15 pieds de largeur, permettant aux étrangers de et au public en général d’aller visiter notre port même les jours de marché, et, par ce fait, dotant la ville d’une superbe place publique dans cette localité, cette partie de la rue des Commissaires étant couverte, pourra être tenue bien propre et ne sera plus un marécage comme cela a été depuis des années.
Les cultivateurs venant vendre leurs produits auront l’avantage de louer des places à l’année, leur permettant par conséquent d’arriver quand il leur plaira et d’en repartir de même et sans encombrement.
La ville en louant des places à l’année s’assurera un joli revenu en cas de pluie ou orage, chevaux et voitures sont à l’abri, vu que les couvertures seront faites en conséquence ; une partie des couvertures et des plateformes sera finie en verre afin de bien éclairer la partie en dessous de la plateforme.
Ce projet peut être construit en trois sections, la première vis-à-vis le marché ; la seconde, de la place Jacques-Cartier au marché ; et un troisième lieu, de la rue Victor à la rue Berri, et ce, à fur et à mesure que le besoin se fera sentir.
Si ce projet était mis à exécution, il pourrait accommoder 800 voitures. Aujourd’hui, il est impossible de placer sur la place Jacques-Cartier plus de 500, et quand il y a ce nombre, il est impossible de circuler, ce qui n’arriverait pas avec le projet ci-contre. Tous les autres projets qui ont été soumis à la cité, obligeraient à exproprier à grands frais autour du marché et ne pourraient pas donner d’accommodations pour plus de cinq cents voitures.
(Texte publié le 24 novembre 1902 dans La Presse).
Construction d’une grande salle au Marché Bonsecours et disparition de la plupart des étaux pour bouchers
La lutte est toujours vive entre les tenants du marché Bonsecours et ceux du marché de l’est – Le marché Bonsecours finira-t-il par disparaître?
Le marché de l’Est soulève depuis quelque temps un intérêt inusité à l’hôtel de ville. Les échevins sont partagés en deux groupes bien distincts d’un côté les tenants du marché Bonsecours et de l’autre ceux du marché central de gros dans l’est de la ville qui serait situé dans le quadrilatère formé par les rues Ontario, Frontenac, Bercy et Ste-Catherine. Dans le budget y à déjà une somme de $600,000 pour l’agrandissement et l’amélioration du marché Bonsecours et une somme de $100.000 pour l’achat de terrains et pour la construction d’abris pour cultivateurs venant offrir leur produits aux citoyens de la métropole. Les échevins de l’est et surtout MM. Bélanger et Taillon disent que la ville doit effectuer l’échange total des terrains avec le Canadien National.
Le comité exécutif n’est pas du même avis. Il veut pour le moment acquérir par voie d’échange une partie seulement des terrains permettant de construire quelques abris, le tout devant coûter à la ville la somme de $100,000.
Les tenants du Marché Bonsecours ne lâchent pas prise facilement.
On croît que la somme de $400,000 serait divisée en deux parties égales dont la première serait aux fins de payer les expropriations et l’autre à l’effet de faire disparaître certaines étaux pour les remplacer par une grande salle servant aux cultivateurs qui veulent écouter leurs produits dans la métropole. Plus tard, si le Marché Bonsecours n’a plus la vogue qu’il possède aujourd’hui on le transformerait en terrain de stationnement pour les automobiles, attendu que les parcs de ce genre se font de plus en plus rares avec l’augmentation de la circulation des voitures dans le centre de la ville. « C’est la danse aux millions », dit M. Eugène Bélanger en parlant du marché Bonsecours et surtout des coûteuses expropriations du centre. « Il en coûtera $10.000.000 pour exproprier les terrains afin d’agrandir ce marché », ajoute l’échevin de Ste-Marie. La séance du conseil municipal lundi sera, à ce propos, fort intéressante car l’on y discutera des item du budget qui renferme en effet plusieurs articles se rapportant aux marchés de la cité.
(C’est arrivé en juillet 1937).
Un marché pour Montréal – multiples scandales
On discute, cette semaine, d’une vieille question: l’agrandissement du marché Bonsecours. Le projet ne va pas sans une vive opposition. Le président de la Ligue des Propriétaires, qui en tient pour un nouveau marché dans l’Est de la ville, représente aux autorités municipales que l’entreprise du marché Bonsecours comporterait de multiples scandales. Il y à trop d’intéressés dans l’affaire, dit-il Les expropriations seraient trop onéreuses.
D’un autre côté, tous les citoyens se rendent compte de l’insuffisance des marchés dans cette ville, qui compte désormais plus d’un million d’habitants Ia métropole s’est agrandie sans tenir compte des besoins des consommateurs et de l’intérêt des cultivateurs des environs. II n’y a pas eu de pian préconçu avec détails suffisants pour suffire à toutes les exigences. De là une pénurie des marchés. Donc, en principe, il faut admettre qu’un grand marché, où pourraient se donner rendez-vous les innombrabies ménagères de la cité, est d’une incontestable urgence.
Quant au site de cette place commerciale, appelée à rendre tant de services aux familles montréalaises, nous n’avons pas à nous prononcer là-dessus. Toutefois, on peut penser qu’il serait peu pratique de construire un marché dont une grande partie des habitants ne pourraient bénéficier. D y à certaines erreurs à éviter. Si on aménage le marché à un endroit trop reculé de l’Est. les citoyens de l’Ouest ne s’y rendront pas; si par contre. on va trop loin vers l’Ouest, c’est l’Est qui sera privé des bienfaits du marché.
Il faut de toute nécessité que l’on fixe son choix sur un terrain bien central, vers lequel convergera toute la population, des quatre coins de la ville. Il serait en inutile de dépenser une forte somme pour un marché qui ne servirait qu’un tiers des intéressés et qui, peut-être, ne serait qu’un ornement coûteux.

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