La manifestation socialiste

La manifestation socialiste : Dix mille personnes, partisans et adversaires du socialisme, assistent à la démonstration au Champ-du-Mars

Manifestation socialiste : Dix mille personnes de notre bonne population se sont franchement amusées, hier, le 1er mai 1907 soir, en prenant part à la démonstration des socialistes.

Toutes les mesures avaient été prises pour maintenir le bon ordre par nos autorités municipales et le bon ordre a été maintenu.

Dès six heures et demi les socialistes commencèrent à envahir leurs quartiers généraux – pour la circonstance la salle Saint-Joseph – coin des rues Sainte-Elizabeth et Sainte-Catherine.

Ils portaient tous à la boutonnière un petit ruban rouge, et sur la poitrine de quelques-uns, des pins fervents s’étalaient, en forme d’étoile de mer, de larges boucles de ruban.

Une demi–heure plus tard, la salle était remplie de deux ou trois cents personnes, socialistes ou prétendus socialistes, le plus grand nombre de nationalité juive, russe, italienne et syrienne.

En même temps, rue Sainte-Catherine, s’assemblaient un grand nombre de curieux, hommes, femmes et enfants. La circulation devint impossible.

Il avait été bien entendu qu’il n’y aurait

Pas de parade

par les rues et la police étant en nombre pour qu’il n’y eut pas contravention aux ordres donnés.

À sept heures et demie avec beaucoup de difficultés s’alignèrent une vingtaine de voitures de place. Les socialistes et leurs invités se rendraient individuellement au Champ-de-Mars en voiture ou autrement, par des routes différentes.

Les premiers qui descendirent de la salle portaient des drapeaux rouges, des flambeaux, des transparents et des chandelles romaines. Il y eut un instant d’hésitation, puis

la foule se rua

sur le premier groupe de socialistes en même temps que la police intervenait. En un instant les drapeaux furent  arrachés des mains de ceux qui les portaient et déchirés, les flambeaux et les transparents détruits.

Quatre socialistes, deux hommes et deux femmes, au milieu du brouhaha général réussirent à atteindre une voiture et déployèrent leurs couleurs à travers les portières.

La voiture fut entourée immédiatement d’un groupe de policiers qui donnèrent ordre aux occupants de rentrer leurs couleurs.

Il y eut probablement refus, car la minute d’après les drapeaux disparaissaient en lambeaux aux mains des policiers.

La foule devenant tumultueuse, les policiers ordonnèrent aux cochers de laisser la place sans plus attendre, et demandèrent du renfort.

À huit heures moins quart débouchèrent par le haut de la rue Sainte-Elizabeth les hommes de la police à cheval, suivis cinq minutes plus tard d’une escouade de 50 hommes sous les ordres du sous-chef Leggett.

*

Le chef de police Campeau était sur place. Il donna des ordres promptement obéis. Les abords de la salle Saint-Joseph furent dégagés de la foule des spectateurs qui se dispersèrent de tous côtés, et se mirent à circuler.

À huit heures, l’escouade de police prenait la rue Sainte-Elizabeth pour se rendre au Champ-de-Mars. La police a rétabli l’ordre complètement rue Sainte-Catherine.

Au Champ-de-Mars, où les socialistes avaient organisé une assemblée afin de célébrer « le seul jour de fête du travail, le seul que les ouvriers prennent sans l’autorisation du Capital ». Comme devait l’affirmer un certain Ratch, président de la réunion. La situation fut moins facile à contrôler à cause du nombre. Alors la bagarre éclata entre socialistes et adversaires, forçant la police à intervenir. Plus particulièrement pour protéger l’estrade d’honneur où avaient pris place les personnalités socialistes. En définitive, il n’y eut pas de blessures graves. Finalement on a relâché toutes les personnes arrêtées, une dizaine.

(C’est arrivé le 1er mai 1907).

manifestation socialiste
Charge de la police contre les manifestants socialistes en 1907. Source de la photo: Auteur : J. Latour. Référence: La Presse, 1907, image du domaine public.

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