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Manifestation des étudiants

Manifestation des étudiants

La grandiose manifestation des étudiants

Succès sans précédent de l’enterrement du béret au parc Mance – Chars allégoriques

Des milliers de personnes ont assisté, samedi soir, à l’enterrement du béret au parc Jeanne-Mance. Cette manifestation annuelle des étudiants de l’Université de Montréal a été plus brillante que jamais. Elle était rehaussée de la présence de M. Charles Duquette, maire de Montréal, et de l’honorable Athanase David, secrétaire provincial. Toutes les facultés étaient représentées.

Le rassemblement se fit au carré Viger à 6 heures. Les étudiants défilèrent par la rue Saint-Denis et l’avenue Mont-Royal pour se rendre au parc Mance. Tout le long du parcours, une foule acclama le joyeux cortège. On a beaucoup admiré les chars allégoriques, au nombre d’une trentaine, fort originaux et superbement décorés. Chaque faculté avait rivalisé, mais à la faculté de Droit alla la palme à cause de ses deux principaux chars: Le Droit, flambeau de l’université et La refonte des statuts, et c’est à elle que fut décerné le prix spécial offert pour les plus beaux chars, une coupe en argent ciselé.

Un détachement d’agents à cheval ouvrait la marche et aux intersections des rues l’agent de circulation arrêtait les véhicules et tramways pour laisser passer les carabins. Le défilé dura plus d’une heure.

Pendant qu’on enterrait le béret au pied du monument Cartier, la fanfare des étudiants jouait la Marche funèbre de Chopin. M. Guy de Vaudreuil dit ensuite quelques vers. M. Gaston Caisse, président de l’Association générale des étudiants, adressa la parole, puis le maire Duquette exprima toute sa sympathie aux étudiants de Montréal.

L’honorable M. David parla ensuite. Rappelant ses jours ou plutôt ses soirées d’étudiant, il fit un bref retour sur le passé, aux jours où il fréquentait l’université, et prodigua tous ses encouragements à la jeunesse étudiante. Encore une fois, samedi soir, les étudiants, gais lurons et joyeux copains, ont prouvé qu’ils savaient bien faire les choses et les applaudissements de la foule ne leur furent point ménagés.

C’est peut-être ce qui amena le maire de Montréal, dans ses remarques, à déclarer que les étudiants et les policiers devraient plutôt être de grands amis que des ennemis.

La parade offrit le plus grand intérêt Le drapeau bleu et blanc ouvrait la marche, suivi par des pages montés sur des chevaux fringants. C’était la faculté de Droit, Après le comité de régie, venait la Refonte des statuts, char dans lequel deux codificateurs faisaient bouillir les lois qui protègent le public dans sa moralité et dans ses biens.

Les exécuteurs de la loi à travers les siècles venaient ensuite. Deux forçats, sous l’œil menaçant du procureur du roi, mais protégés par la science de leur avocat, se sauvaient au nez de la police. Le droit administratif cherchait à administrer des foules imaginaires; le prêt à la grosse se balançait en chaloupe sur des vagues houleuses, «l’harmonie des lois» soupirait dans des instruments bizarres, une cacophonie indescriptible, et la procédure procédait ennuyée tandis que la «chienne des examens» aboyait aux examinateurs trop sévères.

Un autre char, sous l’enseigne Lien conjugal, exhibait deux malheureux époux traînant deux marmots polissons, offrant en spectacle la sévérité épineuse et monotone sous le lien conjugal.

Venait ensuite le char du Droit, flambeau de l’université. Sur un trône de nuages blancs. Mme Florence Gouin personnifiait merveilleusement la loi qui régit les mondes. Ce char fut considéré comme le plus beau du cortège.

Pour la faculté de médecine, on peut mentionner ensuite dans les principaux chars: Le médecin de campagne, Le cauchemar de l’étudiant, quatre squelettes en train de dépecer un étudiant; La guerre à la mortalité infantile, qui était très original; la personnification fort bien réussie des professeurs Lesage et Latreille par deux étudiants.

Et pour les sciences; L’étude de la cellule, un repris de justice dans une cellule examiné au microscope par un expert; pour l’École polytechnique : un campement d’ingénieurs avec tente, appareils de toutes sortes, poteaux, règles, etc.; des pouvoirs d’eau et des puits d’huile.

Les Hautes Études avaient un char représentant un professeur en train de donner une conférence à ses élèves. Il y avait aussi le char allégorique de la Traite, qui a obtenu un franc succès. On avait aménagé une vache dans ce char; de temps à autre, on la trayait et c’était… la traite.

L’art dentaire était aussi représenté par deux chars remarquables : L’extraction des dents sans douleur et la personnification du Dr Dubeau.

Plusieurs autres chars marquaient aussi la parade et tous rivalisaient en beauté les uns les autres.

(La Presse, lundi 20 octobre 1924. p. 7)

ecole optimetristes

Promotion 1925. Source de la photo : opto.umontreal.ca.

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