Les savants et leurs exploits

Mort d’un grand savant anglais sir Oliver Lodge et les scientifiques qui ont pratiqué des expériences sur eux-mêmes

Sir Oliver Lodge regrettait d’avoir contribué au progrès de la radiophonique

Londres, 22 août 1940. Sir Oliver Lodge, savant et spiritualiste anglais universellement connu, est mort, aujourd’hui, a l’âge de 89 ans, dans sa maison du Wiltshire, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Il avait l’habitude de dire que la mort n’est rien d’autre qu’une nouvelle aventure.

Sir Oliver Lodge, dans sa jeunesse, s’intéressa surtout a l’électricité. Il devint l’un des pionniers de la télégraphie sans fil. Né à Penkhull, dans le Staffordshire. le 12 juin 1851, Oliver Joseph Lodge fit ses études à Oxford. Il fut longtemps président des plus importantes organisations scientifiques de son pays et de la Société de recherches spiritualistes. Il a laissé aux membres de cette dernière un message scellé en disant qu’il chercherait, après sa mort, à se mettre, par le truchement de médiums, en communications avec eux.

Sur la fin de sa vie, air Oliver soutenait que le monde souffrait d’une indigestion scientifique. Il y a quatre ans, il disait à des amis: « Nous connaissons maintenant des choses que nous n’aurions jamais dû connaître parce que ce sont des choses de l’enfer ». Il regrettait beaucoup d’avoir contribué au progrès de la radio parce que celle-ci est maintenant utilisée par des avions qui bombardent les femmes et les enfants.

Ces scientifiques qui ont pratiqué des expériences sur eux-mêmes

Qui dit scientifique ne dit pas forcément prudent ou visionnaire. Certains savants, peinant à trouver des cobayes suffisamment courageux ou insensibles à la douleur, ont fait leurs expérience sur eux-mêmes. En voici quelques exemples. Âmes sensibles s’abstenir!

En 1672, le physicien anglais Isaac Newton, célèbre pour avoir découvert la loi de la gravitation universelle, voulut comprendre comment fonctionnait l’œil humain. À cette fin, il s’enfonça une fine aiguille de bois sous le globe oculaire jusqu’à ce qu’elle touche l’arrière de l’orbite. Il se mit ensuite à la bouger dans plusieurs directions, et nota que cela produisait des apparitions de cercles colorés.

En 1800, le physicien allemand Johann Wilhelm Ritter, qui a découvert les ultraviolets, voulut comprendre les effets de l’électricité sur le corps. Pour ce faire, il électrifia sa langue et annonça qu’il ressentait un goût acide; il électrifia ses yeux et nota que cela produisait des nuages de couleur; il fit de même sur son sexe et cela sembla lui plaire suffisamment pour qu’il dise vouloir « épouser sa pile électrique ». Il ne cessa d’augmenter l’intensité et la durée du contact avec l’électricité pour pousser ses expériences, jusqu’à ressentir des migraines, des nausées et à paralyser ses membres. Il mourut à trente-trois ans.

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Vers 1802, alors qu’une épidémie de fièvre jaune avait fait 5 000 morts à Philadelphie en 1793, l’Américain Stubbins Ffirth (aucune faute de frappe, il s’agit bien et bel de « Stabbins Ffirth »), étudiant en médecine, voulut démontrer que ce n’était pas une maladie contagieuse. Pour le prouver, non seulement il se fit des incisions sur les bras dans lesquelles il versa du vomi d’un patient infecté par la fièvre jaune, mais il s’inhala et en but de surcroît. Son expérience lui donna la raison, puisqu’il survécut et que, quatre-vingt ans plus tard, on découvrit que cette maladie était transmise par les moustiques.

En 1921, le chirurgien américain Evan O’Neil Kane s’opéra lui-même de l’appendicite : il s’injecta un anesthésiant local puis il s’ouvrit le ventre avec un scalpel devant ses assistants médusés. Ses intestins sortirent et certaines infirmières commencèrent à paniquer, mais il replaça lui-même ses viscères et pratiqua calmement l’opération, arrivant même à rassurer les spectateurs qui s’inquiétaient. Kane devint célèbre pour cet exploit d’autochirurgie. En 1932, alors qu’il était âgé de soixante et onze ans, il décida de reproduire la performance et de s’opérer lui-même d’une hernie inguinale. Cette fois-ci, l’opération était beaucoup plus délicate et présentait plus de risques. Durant l’intervention, il arriva pourtant à plaisanter avec les infirmières. Il mourut trois mois plus tard, d’une pneumonie.

(Bernard Werber, Sa majesté des Chats, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu. Volume XII).

La tradition

Un calcul original vient d’être fait par un savant (sir Oliver Lodge) pour montrer comment l’histoire pouvait très bien se transmettre verbalement dans les anciens temps.

Ce savant a trouvé que le nombre de personnes nécessaires pour se raconter, de père en fils, l’histoire depuis Abraham pourrait tenir dans un grand salon.

En estimant, en effet, à cinquante ans seulement en moyenne la différence d’âge entre un père et ses fils en état d’entendre le récit du temps passé et de le retenir, on voit que, pour une période de quarante siècles, il suffit de quatre-vingts personnes.

Il n’y a donc rien d’extraordinaire à ce que l’histoire ait pu se transmettre ainsi avant qu’on ait songé à l’écrire.

Pour compléter la lecture :

Ce ne sont que des lapins qui peuvent être sujets des expériences scientifiques. Illustration par Bing.
Ce ne sont que des lapins qui peuvent être sujets des expériences scientifiques. Illustration par Bing.

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