En lisant les journaux (nouvelles du 11 août 1942)
L’industrie se plaint (Le Devoir, Montréal)
Tous les autres témoignages dont le Financial Post se constitue le véhicule bénévole valent celui-ci, lui sont substantiellement identiques. L’industrie de guerre se plain, et amèrement, de la conscription pour le service militaire. Et cette industrie-là n’appartient pas au Canada français, n’est pas contrôlée par le Canada français: M. Howe peut en répondre. Ceux qui se plaignent, qui récriminent, par le truchement du britannique et britannisant Financial Post, ne sont point des Canadiens français.
Le principe de la conscription militaire au Canada, le Canada étant ce qu’il est pour l’heure, nos industries de guerre, du moment que ce principe commence à les affecter, seront contre. Ils ont voulu, ils veulent encore de la conscription, dans la présente guerre. mais pour les autres. C’est charmant pour les autres.
Le travail féminin (La Jeunesse Rurale, Montréal).
Alors que les cultivateurs manquent de bras pour es travaux urgents de la ferme, les usines de guerre se remplissent de gars et de filles de la campagne.
Situation alarmante pour ne pas dire désastreuse. On parle de rationnement et on ne pense pas sérieusement à développer chez nous la production alimentaire nécessaire à la vie de cette immense population de nos villes. On s’est lancé à fond de train dans la production des armements de toutes sortes. On n’a pas fait pour aider l’immense usine qu’est la terre et sans laquelle on va crever comme des chiens.
En plus de cela, on est en train de détruire de fond en comble la famille par l’embauchage des jeunes filles et des femmes dans les usines de guerre. Des milliers de femmes mariées travaillent dans les usines en confient leurs enfants à des garderies. Effort de guerre? Non! dislocation de la famille. Les milliers de jeunes filles travaillent dans les usines à un travail au-dessus de leurs forces. Effort de guerre? Non! Ces jeunes filles, pour un grand nombre après quelques mois de ce travail exténuant pourront-elle être des épouses capables de donner naissance à des enfants en santé? nous ne le croyons pas.
Lacune regrettable (Le Droit, Ottawa)
Monsieur le sénateur Arthur Sauvé a demandé au gouvernement quel était le nombre des fils de cultivateurs appelés par leur service militaire, sous l’empire de la loi sur la mobilisation des ressources nationales, dans la province de Québec. Le ministère des Services nationaux de guerre a répondu que le gouvernement ne possédait point de statistiques à ce sujet, parce que les hommes ne sont pas appelés d’après leurs occupations ou leurs emplois, à faire leur service militaire. Cette déclaration révèle une lacune regrettable. Le gouvernement ne peut pas établir une saine politique de main-d’œuvre agricole dont il dispose et ou va cette main-d’œuvre agricole. S’il avait tenu des statistiques sur le nombre des fils de cultivateurs qu’il soustrayait au travail essentiel de l’agriculture en les appelant pour le service militaire, il eût été en état de mieux équilibrer la distribution de la main-d’œuvre canadienne et de prévenir la rareté actuelle de la main-d’œuvre agricole. Après avoir permis, faute de prévoyance, d’enlever à la terre ses meilleurs bras, le gouvernement doit maintenant corriger la situation qu’il a lui-même créée. C’est là une politique à courte vue.
Légendes tenaces (Le Droit, Ottawa)
Les autorités de la Gendarmerie Royale s’inquiètent des fausses rumeurs de toutes sortes qui circulent tant au Canada qu’aux États-Unis et dont elles attribuent l’origine à des agents de l’ennemi. Parmi ces rumeurs, classons tout de suite celle qui veut que les armées allemandes souffrent d’une disette d’essence. Combien de fois n’avons-nous pas entendu dire que l’Allemagne ne pourrait pas résister longtemps parce qu’elle manquait d’essence et qu’elle était à la veille de crier grâce? Or, voici ce que M. Thomas Kernan, un observateur impartial, écrit à ce sujet dans son ouvrage « Horloge de Paris, Heure de Berlin ». « De toutes les illusions favorisées par notre propagande, celle du manque d’essence chez l’ennemi a été la plus difficile à ruiner.
Bien que les industriels américains du pétrole, revenus d’Allemagne, aient assuré les mondes officiels britannique et américain depuis le début de la guerre que jamais l’Allemagne ne manquera d’essence, l’agréable vision de divisions allemandes, en panne faute de carburant continue d’agiter son mirage aux yeux de Londres et de Washington. Le fait est qu’au moyen de l’hydrogénation de la houille l’Allemagne fabrique toute l’essence requise pour ses armées, sauf l’aviation, à laquelle elle réserve la production à haute teneur en octane des puits de Galicie et de Roumanie qui, ainsi que d’autres moins importants des pays occupés, rendirent 58.000.000 de barils en 1838. Il sera intéressant, après la guerre, de rechercher pourquoi les mondes officiels de Grande-Bretagne et des États-Unis se cramponnent à l’hypothèse du manque d’essence chez l’ennemi, malgré tous les avis contraires. »
C’est là, évidemment, le résultat de l’habile propagande et des fausses rumeurs dont nous parlons plus haut. Et si jamais les Allemands s’emparent des puits de pétrole du Caucase, il y aura encore des gens qui parleront de la disette d’essence en Allemagne. En vérité, certaines légendes ont la vie dure.
La lignite comme combustible (P.C)
Pour parer à la rareté de combustible, le gouvernement ontarien a promis de développer immédiatement « presque sans limite » des dépôts de lignite d’Onakawana, situés à 175 milles au nord d’ici. Cette nouvelle a été annoncée hier par le premier ministre, Mutchell Hepmurn, après qu’il eut fait l’inspection des champs de lignite en compagnie d’un bon groupe de ministres du cabinet provincial et autres personnages intéressés, y compris sir James Dunn, président de l’Algoma Steel Corp et J.P. Richnell, le ministre des Mines ontarien et des représentants des Chemins de fer nationaux et du Pacifique Canadien.
Espions exécutés (P.C.)
À la faveur de la noirceur opaque du Blackout, le geôlier de la prison de Londres afficha l’avis de la sentence de mort prononcée contre deux hommes convaincus d’espionnage contre l’empire en guerre. Quelques heures plus tard, le soleil ayant atteint son zénith, ces avis firent place aux communiqués d’exécution et aux certificats de décès des deux condamnés qui avaient payé de leur vie, leur dette envers le pays trahi. Ces deux hommes étaient Jose Estella Key, sujet britannique et Alphonse Louis Eugène Timmerman, un Belge. Ceci porte à dix le nombre d’espions exécutés en Angleterre depuis le début de la seconde Grande Guerre.
Clé avalée (P.A.)
Une petite clé servant à ouvrir les boites de cacahuètes a été enlevée hier du larynx de la jeune Sharon Bell, âgée de 4 ans, qui est venue de Vancouver par avion et train pour se faire opérer à l’hôpital de l’université Temple. L’intervention a été opérée par le Dr. C.-L. Jackson en une demi-heure. Ce médecin est le fils de l’inventeur du bonchoscope, utilisé pour enlever de la gorge des objets étrangers. Dans ce cas spécial, il s’est servi d’un appareil dérivant de l’autre et nommé oesophascope. À l’hôpital, on a appris que l’enfant reposait confortablement et qu’elle sortirait dans environ une semaine.
Nouvelles batteries secrètes antiavions (P.C.)
Londres. Les civils ont été avisés de se terrer dans les abris, pendant les raids aériens, maintenant que les nouvelles batteries secrètes antiavions britanniques sont prêtes à entrer en action. Les obus des nouveaux canons ont un champ de tir plus étendu et exposent en fragments plus considérables que les obus des vieux canons.
L’immigration est à la baisse (P.C.)
Ottawa. Le volume de l’immigration en Canada a baissé de 12,9 pour cent à 3.707 durant les six moins finissant le 30 juin comparé à 4.256 durant la même période l’année dernière, a annoncé aujourd’hui le ministère des mines et des ressources naturelles, section de l’immigration.
Campagne contre le vice (P.A.)
New-York. Des ordres pour appréhender à première vue les prostituées ont été donnés aujourd’hui, par le commissaire de police de haut rang, dans une campagne pour la protection des hommes des forces armées contre les maladies vénériennes pendant leur stage à New-York.
Victime d’un accident
Landrienne, Québec. Un jury du coroner a rendu, hier, un verdict de mort accidentelle, après l’enquête sur l’accident fatal survenu à Pierre Auger, âgé de 11 ans, qui fut piétiné à mort par un troupeau de chevaux sur la ferme de son père dans cette ville de l’Abitibi, dimanche.
Radio gagné en prix
Monsieur Emilien Jobin, de l’Hôtel de Ville de Québec, a été l’heureux gagnant d’un radio qui a été raflé, dimanche dernier, au profit de la chapelle du Lac Sept-Îles. Le révérend Père Massicote, O.P., a présidé au tirage en question, dimanche, lors de la fête nautique de cette colonie de vacances.
La villa de Lindbergh de l’île Illiec pillée (d’après la radio allemande)
Berlin, 11 août. La radio allemande rapportait de Paris, hier, que la demeure de Charles-A. Lindberg. Sur l’île Illiec, située au large des côtes françaises de Bretagne, a été saccagée par des voleurs qui ont même enlevé le mobilier.
