
Les flammes ravagent le village de Saint-Eustache
Une terrible conflagration détruite une partie de ce village et jette sur le pavé plusieurs familles. Le conseil et les victimes de ce désastre
Saint-Eustache, ce joli village historique, qui fut le théâtre des exploits de Chénier qui y trouva une mort glorieuse en combattant à la tête des patriotes de 1837, a été ravagé hier (17 avril 1910) par une terrible conflagration.
Peu s’en est fallu qu’il ne fût entièrement détruit. Les flammes, activées par un vent violent, ont réduit en cendres un certain de maisons et de magasins ainsi qu’un temple protestant. Toute la partie ouest est en ruines. Les dommages s’élèvent à 50 mille de dollars environ et les assurances, à 9 mille.
L’incendie éclata au centre du village et malgré les efforts des citoyens, prit bientôt de telles proportions qu’on craignit que tout le village y passât. On demanda alors du secours à Montréal.
Le chef Tremblay partit aussitôt sur un train spécial du Pacifique avec un détachement d’hommes, une pompe à vapeur et un dévidoir. Dès leur arrivée, les pompiers de la métropole commencèrent la lutte contre l’élément destructeur, et à quatre heures, l’incendie était sous contrôle. Les dommages sont cependant très considérables.
La cause
L’incendie se déclara dans une petite cabane, attenant à l’écurie de M. Magloire Légaré. On croit que le feu a été mis par un fumeur imprudent, qui aurait jeté par mégarde une cigarette allumée sur un tas de papier. L’incendie éclata quelques instants plus tard. Les flammes se communiquèrent à l’écurie, qui fut bientôt réduite en cendres. Une vache, un cheval et quatre cochons, appartenant à M. Légaré, furent brûlés vifs. Elles envahirent ensuite le clos de bois de ce dernier, qui offrait un aliment facile à l’élément destructeur.
L’alarme fut sonnée vers onze heures 45, et la brigade de pompiers volontaires, comprenant une trentaine d’hommes, fut bientôt rendue sur les lieux. Pour tout moyen de protection contre l’incendie, Saint-Eustache ne possède que deux pompes à bras et quelques pieds de boyeux. Les pompiers se mirent résolument à l’œuvre, et les citoyens organisèrent plusieurs chaînes entre la rivière du Chêne et les maisons menacées. Malgré tous les efforts, l’incendie continuait sa marche dévastatrice. Après avoir détruit le clos Légaré, le feu s’attaqua à la maison de M. Miller, puis, traversant la rue, au magasin Champagne, à la maison du maire Renaud, au temple protestant, et bientôt presque toutes les maisons érigées de chaque côté de la rue Saint-Eustache, étaient en flammes.
La marche des flammes fut des plus capricieuses. Le feu, en effet, après avoir détruit le clos de M. Légaré et quelques maisons environnantes, se communiqua à la grange de M. Rochon, située à quatre arpents plus loin, et ravagea ensuite toutes les maisons érigées de deux côtés de la rue Saint-Eustache. De plus, la maison de M. Lavergne, située près de la grange de M. Rochon, fut détruite avant celle de M. Légaré, située en face du manoir Globensky, à quelques pas de l’endroit où a commencé la conflagration.
C’est la partie Nord-Ouest du village qui a été ravagée ; les lignes de téléphone ont été détruites à cet endroit et il n’y a aucune communication téléphonique entre Saint-Eustache, Oka et Saint-Joseph. Quelques personnes ont pu sauver une partie de leur mobilier.
Aujourd’hui, il pleut, à la grande joie de la population qui craignait que le feu ne couvât encore sous la cendre et qu’une nouvelle conflagration ne dévastât le reste du village.

Presbytère de Saint-Eustache. Photographie de GrandQuebec.com.
Voir aussi :
nous sommes a notre 150eme anniversaire du service de st-eustache et recherchons l’histoire du service, si vous avez des photos ou coupures de journaux me le laisser savoir comment nous pouvons les récupérer