
Un braqueur de banque, l’homme à la pipe serait enfin arrêté
Après plus d’un an d’intenses recherches, la police de la CUM croit enfin avoir rais la main au collet d’un braqueur de banques qu’elle avait surnommé « l’homme à la pipe ». Sa capture et celle d’un autre bandit surpris en flagrant délit de vol, hier après-midi, ont permis d’éclaircir pas moins de 32 attaques à main armée survenues sur l’île de Montréal.
« L’homme à la pipe », Jean Bernatchez, 33 ans, a réussi à déjouer la police aussi longtemps grâce à ses déguisements qui lui donnaient diverses personnalités, du gentleman anglais jusqu’au handicapé avec béquilles. Le prévenu doit comparaître aujourd’hui en Cour des sessions de la paix sous une brochette d’accusations concernant 22 vois à main armée.
Un ancien serveur, Bernatchez aurait commencé sa tournée des institution bancaires le 10 mars 1983. Dans tous les cas, sous la menace d’un revolver, il exigeait le contenu d’un seul tiroir-caisse, puis il prenait la fuite. Il aurait visité certaines institutions jusqu’à trois fois. Ses gains se seraient élevés au total à près $15 000 au cours des douze derniers mois.
Sauf de rares exceptions, il avait toujours la pipe aux lèvres. Il modifiait son apparence en se bourrant de ouate la bouche ou le nez. Il lui arrivait aussi de porter des verres fumés ou une casquette et, par temps plus froid, un passe-montagne. Au cours des dernières semaines, il avait même jouer le handicapé qui se déplace avec des béquilles pour dévaliser une banque du Nord de la ville, À deux reprises, il s’était aussi servi de faux bâtons de dynamite qu’il aurait lui-même fabriqué… à l’aide de bouts de bois.
Selon la police, Bernatchez s’en prenait surtout aux succursales bancaires situées près des stations de métro, afin de fuir plus rapidement. Des équipes de détectives de la section des vols à main armée de la police de la CUM menaient les bouchées doubles depuis juin dernier lorsqu’ils l’ont appréhendé, hier matin, à son domicile de la rue Boyer, dans le Centre-Est de Montréal.
En fouillant les lieux, les policiers ont notamment trouvé une réplique d’un véritable pistolet.
Suivant les indications du suspect, les membres de la section technique (SWAT) ont déneigé un espace de 75 pieds carrés pour trouver les faux bâtons de dynamite qu’il disait avoir jeté près d’une voie ferrée, à l’angle des rues Rouyn et Létoumeau, dans l’Est de la ville.
À son onzième coup
Au début de l’après-midi, deux patrouilleurs du poste 25, boulevard de Maisonneuve, ont par ailleurs procédé à l’arrestation d’un autre individu qui s’apprêtait à commettre un vol dans une succursale de la Banque de Montréal située au 1155, rue Metcalfe, dans le centre-ville. L’enquête révélait par la suite que le suspect en était à son onzième coup du genre au cours des derniers mois. Un résident de Rawdon, Patrick Meehan. 13 ans, sera lui aussi traduit en Correctionnelle aujourd’hui.
Ces deux importants coups de filets ont porté a 83 le nombre des vols de banques éclaircis depuis le début de l’année à Montréal, alors qu’on en a répertoriés 6eulement… 72. Ce taux de succès de 113 p. cent est évidemment due à la façon dont on comptabilise les données dans les différents services de police.
(Texte paru dans le journal La Presse le 20 mars 1984).

Tout un scénario pour un film si jamais on aurait une idée. Pas du tout violent, ce monsieur Jean Bernatchez.