Hommages aux victimes de Polytechnique
10 mille personnes rendent hommage aux victimes de Polytechnique
Plus de 10 mille personnes ont fait la queue dans le froid et l’humidité, certaines jusqu’à deux heures, pour rendre un dernier hommage à huit des victimes de la tuerie de l’École Polytechnique, dont les dépouilles mortelles étaient exposées au pavillon principal de l’Université de Montréal.
Seuls le silence et les larmes semblaient de mise lors du passage devant les cercueils fermés. Une sobre inscription rappelait les noms et le jeune âge des victimes, toutes nées à la fin des années soixante.
Placées au milieu des gerbes de fleurs, les photos de ces jeunes femmes valaient bien plus que mille mots. Surtout la photo de Geneviève Bergeron, qu’on aurait cru faite pour illustrer une campagne sur la santé et la joie de vivre.
« Mes deux filles représentent le plus beau succès de ma vie. Moi, j’ai dû retourner aux études pour aller me chercher un papier. Geneviève, elle, sera bientôt ingénieure, car elle étudie à Poly. Vous devriez voir comme c’est une belle fille… ».
C’était à la fin du dîner, mercredi dernier, que nous prenions ensemble pour parler d’élections municipales que Thérèse Daviau faisait ainsi l’éloge de sa chère fille, qui allait tomber sous des balles insensées trois heures plus tard.
Généreuse, la mère d’une autre fille, tombée mercredi à Poly : « Il devait souffrir terriblement pour faire un geste aussi horrible. Je pense à sa mère qui doit être aussi triste que moi », a dit jeudi Madame Louise Leclair en parlant de celui qui avait abattu sa fille aînée, Maryse.
Leurs motivations étaient diverses, mais c’est dans un silence recueilli et avec une infini patience que les visiteurs, femmes, hommes et enfants de toutes origines sociales et plusieurs groupes ethniques, franchissaient l’étroit passage s’allongeant sur quelques dizaines de pas devant les huit cercueils blancs et cuivre.
Les cercueils fermés d’Annie Saint-Arneault, Maryse Leclair, Barbara-Maria Klucznick, Maud Havernick, Barbara Daigneault, Natalie Croteau, Hélène Colgan et Geneviève Bergeron étaient disposés dans cet ordre.
(C’est arrivé le 11 décembre 1989, texte paru dans La Presse).
Voici les noms de toutes les victimes :
Geneviève Bergeron 21 ans, Hélène Colgan 23 ans. Nathalie Croteau 23 ans, Barbara Daigneault 22 ans, Anne-Marie Edward 21 ans, Maud Haviernick 29 ans. Barbara Klucznik Widajewicz 31 ans, Maryse Laganière 25 ans, Maryse Leclair 23 ans. Anne-Marie Lemay 22 ans, Sonia Pelletier 28 ans, Michèle Richard 21 ans, Annie St-Arneault 23 ans, Annie Turcotte 21 ans.
