Grève des hôpitaux à Montréal

Chronique ouvrière : Les employés des hôpitaux remplacés par la police ?

C’est ce qu’ordonnera M. Duplessis, si les employés déclarent la grève dans les hôpitaux de Montréal. – « Québec est l’adversaire acharné du syndicalisme catholique », dit M. Clovis Bernier

Assemblées publiques de protestation

« Si vous faites la grève dans la hôpitaux de Montréal, je remplacerais tous les grévistes par des agents de la police provinciale. De plus, je ferai arrêter tous ceux qui feront du piquetage devant les hôpitaux. Je dois vous dire que si j’avais été à Québec, lors de la mise en vigueur de l’ordonnance, le cabinet n’aurait jamais approuvé un tel décret. »

C’est ce qu’aurait déclaré M. Duplessis à l’agent d’affaires de L’Association des employés des hôpitaux, M. E.-A. La Caire, lorsque ce dernier, après que le premier ministre lui eut dit que l’ordonnance # 111 ne serait jamais remise en vigueur, lui eut signifié l’intention des employés de faire la grève.

Dans son rapport de l’entretien qui eut lieu avec M. Duplessis, aux membres de cette association, M. La Caire a affirmé qu’il n’y avait rien à attendre du gouvernement provincial et que les employés devaient maintenant compter sur leur seule force numérique pour améliorer leurs conditions de travail et leurs salaires.

« Le seul moyen à notre disposition, dit-il, est réorganiser nos rangs, d’enrôler tous les employés dans notre association et ensuite de s’imposer aux conseils d’administration des hôpitaux qui ne pourront, devant notre puissance, nous refuser les conditions raisonnables que nous leur réclamerons. ».

Monsieur La Caire annonça aussi l’intention de l’Association de tenir des réunions publiques, la première aura probablement lieu le 19 mars prochain, pour dénoncer la lutte qui fait le gouvernement aux employés des hôpitaux et celle des conseils d’administration. « Il est étrange, dit-il, qu’après avoir annoncé un surplus de six millions de dollars, M. Duplessis déclare qu’il n’a pas un sous pour aider les employés des hôpitaux. Il est également étranger que le même premier ministre trouvait, il y a un an, que les employés ne recevaient pas de salaires raisonnables. Mais ne désespérons pas, ce gouvernement disparaîtra bien avant notre association.

Clovis Bernier

Monsieur Clovis Bernier qui, alors qu’il était inspecteur-chef adjoint des Établissements industriels de la province au ministère du Travail de Québec, étudia complètement la situation des employés d’hôpital, mit les membres en garde contre le gouvernement provincial. « Vous avez à Québec, a-t-il dit, un gouvernement qui est l’adversaire acharné du syndicalisme catholique et qui tient bien plus à protéger les trusts et les conseils d’administration des hôpitaux que les employés.

« Vous ne devez pas compter sur les administrateurs de la province pour vous garantir des salaires raisonnables, dit-il. Même si le gouvernement a annoncé un surplus de six millions, et même si ce surplus est réel, vous n’en aurez pas un sou. Est-ce à dire que vous n’avez pas d’autres moyens pour recouvrer les salaires auxquels vous avez droit? Non. Il y a, en premier lieu, la grève. Mais c’est une arme à deux tranchants qu’il faut manier avec beaucoup de précautions. Elle est dangereuse et ne donnera probablement pas tous les avantages que vous voudrez en obtenir. »

Mais, il a aussi un moyen infaillible de réussir. C’est de vous organiser, de compter dans vos rangs tous les employés et ensuite de réclamer vos salaires. Si vous êtes puissants, vous n’aurez pas besoin du gouvernement provincial et celui-ci pourra difficilement vous empêcher de parvenir à votre but. Personne ne peut vous enlever ce droit de vous associer que vous reconnaît même l’Église catholique et c’est ce moyen infaillible que je vous recommande ».

Voir aussi :

"Michel Brunel, retraité des douanes, décédé le 4 décembre dernier d’un accès de fièvre bilieuse à son domicile, 93, rue Maurice-Bernhardt, Paris (18e). Célibataire, pas de famille. Rien à signaler." (Louis C. Thomas, Nuit d'épouvante au cap Bénat). Photographie de Megan Jorgensen.
« Michel Brunel, retraité des douanes, décédé le 4 décembre dernier d’un accès de fièvre bilieuse à son domicile, 93, rue Maurice-Bernhardt, Paris (18e). Célibataire, pas de famille. Rien à signaler. » (Louis C. Thomas, Nuit d’épouvante au cap Bénat). Photographie de Megan Jorgensen.

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